
Sa demande de liberté conditionnelle a été rejetée. Condamnée à 10 ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent, Jacqueline Sauvage avait obtenu une grâce présidentielle. Le parquet va faire appel de la décision.
Le tribunal d'application des peines (TAP) de Melun, en Seine-et-Marne, a rejeté, vendredi 12 août, la demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage, a annoncé à l'AFP la procureure de Melun, Béatrice Angelelli.
Condamnée à 10 ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent, elle avait été partiellement graciée par François Hollande. Le parquet qui avait pris des réquisitions favorables à la remise en liberté de cette femme de 68 ans "va faire appel", a ajouté la procureure.
Le chef de l'État avait accordé le 31 janvier une grâce présidentielle "partielle" à la sexagénaire, condamnée en appel en décembre à dix ans de prison par la cour d'assises du Loir-et-Cher pour le meurtre de son mari, qui la battait depuis des années et avait violé ses filles.
Le TAP reproche à Jacqueline Sauvage "de ne pas avoir confirmé qu'elle avait finalement choisi de commettre ces faits et de ne pas assez s'interroger sur son acte", ont déclaré ses avocates, Me Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta. "Il est précisé qu'elle ne peut prétendre vivre à proximité des lieux des faits, dans un environnement qui, compte tenu des soutiens dont elle bénéficie, risquerait de la maintenir dans une position victimaire", ont-elles ajouté.
Symbole des violences conjugales
Devenu le symbole des violences conjugales, Jacqueline Sauvage avait été transférée début février à la prison de Réau pour subir une expertise psychologique et médicale afin d'"évaluer" sa "dangerosité". À l'issue de cette évaluation, la commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté, où siègent notamment le préfet du département et un bâtonnier, avait émis un "avis défavorable" à sa libération. Mais cet avis restait consultatif.
Jacqueline Sauvage avait été reconnue coupable, en première instance comme en appel, d'avoir tué son mari de trois coups de fusil dans le dos en 2012, après 47 ans d'enfer conjugal. L'avocat général avait demandé la confirmation de la condamnation, jugeant que "la légitime défense n'est absolument pas soutenable".
Vague de mobilisation
Lors de l'audience, ses trois filles avaient témoigné violemment à charge contre leur père, entrepreneur d'une société de transport, tué à l'âge de 65 ans. Toutes trois ont été violées, battues, comme l'était leur mère. Leur frère, également victime des violences de son père, s'était suicidé la veille du jour où Jacqueline Sauvage a tiré sur son mari.
"Notre père est décédé et pour moi, c'est un soulagement", avait lancé aux jurés l'une de ses filles, violée à l'âge de 16 ans et victime de graves violences alors qu'elle était devenue adulte.
La condamnation en appel de Jacqueline Sauvage avait suscité une vague de mobilisation et la demande de grâce présidentielle formulée par ses filles avait été appuyée par de nombreux parlementaires et personnalités. Une pétition "Libérez Jacqueline !" avait recueilli 400 000 signataires dans toute la France.
Après l’annonce de la décision du TAP, l'association féministe "Les effronté-e-s" s'est dit dans un communiqué "accablée et scandalisée". "Nous sommes d'autant plus déçues que la mobilisation des militantes féministes avait réussi à lancer un vrai débat de fond sur les violences faites aux femmes", écrit l'association dans un communiqué.
Avec AFP