Porte-drapeau de la délégation ivoirienne, Murielle Ahouré pourrait rentrer dans l'histoire de son pays en devenant la première femme à remporter une médaille olympique. Spécialiste du 100 et du 200 m, elle fait trembler les plus grandes championnes.
Mise à jour : la sprinteuse Murielle Ahouré n'a pas décroché de médaille à Rio. L'athlète ivoirienne a quitté le Brésil par la petite porte après avoir été éliminée en demi-finales du 100 et du 200 m.
À Rio, Murielle Ahouré porte les espoirs de tout un peuple. Trente-deux ans après l'argent de Gabriel Tiacoh à Los Angeles sur le 400 m, les Ivoiriens rêvent d'une nouvelle médaille olympique.
Et ils ont des raisons d’y croire : à 28 ans, Murielle Ahouré fait partie des favorites sur le 100 et le 200 m. Elle a notamment remporté en mai l’étape de Shanghai de la Diamond League sur 200 m, et battu en juin le record d'Afrique du 100 m en s’imposant en 10"78 à Montverde, en Floride.
Sur la piste de Rio, l'Ivoirienne pourrait ainsi venir contrecarrer les plans des Jamaïcaines Elaine Thompson, meilleure performeuse mondiale de l’année en 10"70, et Shelly-Ann Fraser-Pryce, double championne olympique du 100 m qui règne depuis huit ans sur la distance. Il y a quatre ans à Londres, pour ses premiers Jeux, Murielle Ahouré n'avait pas réussi à aller au bout de son rêve olympique, ne terminant qu'à la 7e place en finale du 100 m et à la 6e du 200 m.
"Je n'ai plus peur"
Depuis, la sprinteuse a redoublé d'efforts pour monter sur la plus haute marche du podium. Double médaillée d’argent lors des Mondiaux de 2013, elle a cependant été freinée dans sa course par une grave blessure au genou l'an dernier. Mais l'athlète a su être patiente pour revenir à son meilleur niveau dans la perspective des Jeux de Rio. "Maintenant, je n’ai plus peur. Je peux mettre toute la force qu'il faut sur la piste et me laisser aller totalement. Parce que je sais que je suis guérie à 100 %", expliquait-elle il y a quelques semaines au site ivoirien L'Infodrome.
Née à Abidjan, la championne a quitté son pays dès l’âge de deux ans. Fille adoptive du général Mathias Doué, le second mari de sa mère, elle a été éloignée de la Côte d'Ivoire en raison de la position de son beau-père, ex-chef d'état-major des forces armées et membre du groupe qui avait renversé le président Henri Konan Bédié en 1999. Elle a d’abord vécu à Paris, puis aux États-Unis où elle s’entraîne désormais, en Floride.
Malgré la distance, la jeune femme a toujours gardé un lien très fort avec la Côte d’Ivoire. Même si pendant quelques temps, elle a hésité à demander la nationalité française et à porter les couleurs tricolores comme elle le racontait en 2012 à Slate Afrique : "Je me suis rendue compte que courir pour la Côte d'Ivoire, c'était courir pour l'honneur. Quand on dit le nom de notre pays, soit tu penses aux Éléphants [l'équipe ivoirienne de football, NDLR] et à Didier Drogba, ou à la guerre. J’ai voulu apporter une autre façon de penser, surtout pour les filles et la jeunesse. Juste pour pouvoir raconter mon histoire et dire aux enfants: 'Tu peux tout faire dans ta vie'".
"J'avais les larmes aux yeux"
À Rio, son engagement pour son pays natal a déjà été récompensé. Lors de la cérémonie d’ouverture, c’est elle qui a été choisie pour porter le drapeau ivoirien. "C'était plein d'émotions. J'avais les larmes aux yeux quand je portais le drapeau, c'était vraiment super. Je remercie la Côte d’Ivoire pour cet honneur", a-t-elle déclaré après sa soirée au stade Maracaña.
Malgré quelques rumeurs persistantes sur son état d'esprit, rapidement démenties par la principale intéressée, Murielle Ahouré apparaît confiante à quelques heures de son entrée en lice ce vendredi sur le 100 m. Face aux médias de son pays, elle assure viser l'or : "Je sais que je peux gagner".