Le président russe Vladimir Poutine a accusé mercredi les autorités ukrainiennes d'avoir commandité plusieurs incursions de commandos de "saboteurs-terroristes" en Crimée. Des propos qualifiés de "provocation" par l'état-major ukrainien.
Deux ans après s’être emparé de la péninsule criméenne, dans le sud de l’Ukraine, la Russie accuse l'Ukraine de vélléités revanchardes "terroristes". C’est le maître du Kremlin en personne, Vladimir Poutine, qui a dénoncé, mercredi 10 août, des incursions de commandos armés en Crimée à l'initiative de Kiev.
"Les gens qui se sont emparés du pouvoir à Kiev (...) sont passés à la terreur. Cette tentative de provoquer une flambée de violence (...) est un jeu très dangereux", a déclaré Vladimir Poutine lors d'une conférence de presse à Moscou, en évoquant la prochaine mise en place d'"importantes mesures supplémentaires" pour assurer la sécurité de la péninsule.
Son annonce fait suite à celle des services secrets russes (FSB), qui ont affirmé mercredi avoir "déjoué en Crimée des attentats terroristes ayant pour cible des éléments cruciaux de l'infrastructure de cette péninsule" et qui visaient à "déstabiliser la situation".
"Saboteurs-terroristes"
Le FSB a accusé Kiev d'avoir préparé plusieurs incursions dans la région de "saboteurs-terroristes" début août, qui se sont soldées par des affrontements armés et ont coûté la vie, selon Moscou, à un agent du FSB et un militaire russe.
Le président russe a appelé les Occidentaux à "exercer une pression appropriée sur les autorités de Kiev" s'ils "veulent aboutir vraiment à un règlement pacifique" du conflit ukrainien.
De son côté, l'Ukraine va demander au Conseil de sécurité des Nations unies la tenue d'une réunion d'urgence si les tensions se poursuivent. "Nous sommes prêts en cas de nouvelles provocations", a dit l'ambassadeur ukrainien Volodymyr Yelchenko. "Une réunion du Conseil de sécurité est envisagée. Dès que la limite aura été franchie, nous le ferons immédiatement", a-t-il ajouté.
Selon le FSB, un premier groupe de "saboteurs-terroristes" a été découvert près de la ville d'Armiansk, en Crimée, dans la nuit du 6 au 7 août. "Un agent du FSB a été tué dans un échange de tirs lors de l'opération visant à arrêter ces terroristes", a-t-il précisé dans un communiqué, ajoutant que 20 engins explosifs artisanaux et plus de 40 kilos de TNT avaient été saisis sur les lieux.
Le FSB affirme également avoir empêché deux autres groupes appuyés par des "tirs massifs et des blindés des forces armées ukrainiennes", de pénétrer en Crimée dans la nuit du 7 au 8 août. "Un militaire russe a alors été tué" dans les affrontements, selon la même source.
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont un groupe d'observateurs surveille la frontière russo-ukrainienne, n'a pour sa part fait état d'aucun incident à ces dates. Elle a toutefois noté dans un communiqué diffusé mardi que la circulation des voitures à travers la ligne de démarcation entre l'Ukraine et la Crimée était suspendue ces derniers jours et que les gardes-frontières semblaient être en "état d'alerte".
Des accusations "fausses et hystériques", selon Kiev
Accuser l'Ukraine de terrorisme est "absurde et cynique", a réagi le président ukrainien Petro Porochenko dans un communiqué cité par l'agence Interfax-Ukraine. "Ces fantaisies ne sont qu'un prétexte pour de nouvelles menaces militaires à l'égard de l'Ukraine", a-t-il affirmé.
Le Conseil de sécurité nationale a dénoncé les accusations russes comme "fausses et hystériques", tandis que l'état-major ukrainien les a qualifiées de "provocation".
Le ministère ukrainien de la Défense a pour sa part évoqué "une tentative de justifier le redéploiement et les actes agressifs des militaires russes sur le territoire de la péninsule annexée".
La Crimée a été annexée par la Russie en 2014 après une intervention militaire suivie d'un référendum de rattachement dénoncé comme illégal par Kiev et les Occidentaux. Cette annexion a été suivie d'un sanglant conflit opposant l'armée ukrainienne aux séparatistes prorusses dans l'est du pays, qui a fait plus de 9 500 morts, et a provoqué les plus fortes tensions entre les Occidentaux et la Russie depuis la fin de la Guerre froide, entraînant une série de sanctions européennes et américaines contre Moscou.
Avec AFP