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Fethullah Gülen, accusé d'avoir fomenté le putsch raté du 15 juillet en Turquie, pourrait faire l'objet d'attaques contre sa personne. C'est ce qu'ont estimé ses avocats, vendredi, alors qu'Ankara demande son extradition des États-Unis.

Il est devenu l'ennemi public numéro un d'Ankara et, à présent, ses avocats craignent pour sa vie. Lors d'une conférence de presse à Washington, vendredi 5 août, les représentants de Fethullah Gülen sont allés jusqu'à évoquer un risque d'attaques physiques contre sa personne.

Exilé aux États-Unis et désigné par le président turc Recep Tayyip Erdogan comme l'instigateur du coup d'État manqué du 15 juillet, Fethullah Gülen fait l'objet d'un mandat d'arrêt émis le 4 août par Ankara. Selon ses avocats néanmoins, il n'y a "pas l'ombre d'une preuve" contre leur client.

"Pas l'ombre d'une preuve"

"Nous n'avons pas vu la moindre preuve, directe ou indirecte, qui résisterait de manière convaincante à un examen des faits, l'ombre d'une preuve [...] impliquant M. Gülen", a indiqué Reid Weingarten, du cabinet Steptoe & Johnson. Il juge en outre "absurdes" les inquiétudes exprimées par Ankara pour justifier la demande d'extradition. "Nous avons lu que la Turquie s'inquiétait que M. Gülen, ce leader religieux frêle et âgé, prenne la fuite vers un autre pays. C'est absurde", a-t-il ajouté.

Ancien allié d'Erdogan, Fethullah Gülen, 75 ans, vit depuis 1999 en Pennsylvanie et nie toute implication dans la tentative de putsch. Vendredi, il a réagi dans un communiqué en rappelant avoir condamné à plusieurs reprises la tentative de coup d'État.

"Le système judiciaire turc n'est pas indépendant, donc ce mandat d'arrêt est encore un exemple de la tendance du président Erdogan à l'autoritarisme et aux écarts vis à vis de la démocratie", a-t-il ajouté

Officieusement, la position de l'administration américaine concernant la demande d'extradition contre Fethullah Gülen n'est guère éloignée de celle de ses avocats : le ministère de la Justice américain "essaie toujours de déterminer si les documents fournis [par Ankara] constituent une demande formelle d'extradition", s'est borné à répondre jeudi soir le département d'État.

Purge des pro-Gülen à l'AKP

Pour se débarrasser des sympathisants du prédicateur exilé, le Parti de la Justice et du développement (AKP) du président Erdogan a annoncé qu'il allait procéder à une purge dans ses propres rangs. 

Une circulaire de l'AKP, révélée vendredi par la presse, ordonne "l'urgent nettoyage de l'organisation du parti", afin d'en éliminer ceux qui sont "liés à l'organisation terroriste Fethullah [Feto]". Cette appellation a été forgée par Ankara pour désigner les "gülénistes", accusés d'avoir noyauté les institutions et la société turques en créant un "État parallèle".

Depuis le putsch raté de la mi-juillet, pas moins de 60 000 limogeages, arrestations et gardes à vue ont eu lieu en Turquie, notamment au sein de l'armée, la justice, la presse et l'éducation. La purge en cours, qui a provoqué des vives protestations à l'étranger, n'a encore touché que "le sommet de l'iceberg", a averti jeudi soir le président Erdogan.

Avec Reuters et AFP