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Tony Estanguet : "La cérémonie d'ouverture, un moment de communion avec les autres athlètes"

Alors que les Jeux olympiques de Rio s'ouvrent vendredi soir, le porte-drapeau français des JO de Pékin, Tony Estanguet, décrit pour France 24 l’ambiance particulière qui règne lors des cérémonies d’ouverture.

La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Rio (5-21 août), qui se tient vendredi 5 août, verra l’ensemble des délégations défiler dans le stade Maracaña. Cette année, c’est le judoka Teddy Riner qui sera le porte-drapeau français. L’un de ses prédécesseurs, le triple champion olympique (2000, 2004 et 2012) de canoë Tony Estanguet, aujourd’hui membre du Comité international olympique et coprésident de la candidature de Paris aux JO-2024, se souvient avec émotion de son rôle de porte-drapeau lors de la cérémonie d'ouverture à Pékin en 2008. Un rôle qui a changé sa vie.

France 24 : Qu’évoque pour vous la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques ?

Tony Estanguet : Tout sportif rêve des Jeux olympiques et, pour moi, la cérémonie d’ouverture représente la concrétisation de ce rêve. Après quatre ans de préparation, c’est le moment où tout va enfin commencer. Ma première cérémonie, c’était à Sydney en 2000. Ça a été le premier très grand moment de ma vie. C’est lors de la cérémonie d’ouverture que j’ai eu mon premier choc avec la famille olympique. Tant qu’on ne l’a pas vécue, on ne peut pas se rendre compte de ce que c’est. Entrer dans ce stade comble, dans une ambiance incroyable, c’est quelque chose que je n’avais jamais vécu. C’est un condensé d’émotions très fortes et un esprit d’équipe qu’on ne revit pas forcément après. Les images que j’ai en tête resteront gravées à jamais. J’ai gagné trois titres olympiques, mais les quatre cérémonies d’ouverture que j’ai eu la chance de vivre sont presque au même niveau.

Les délégations de tous les pays défilent les unes après les autres. Que ressent-on à ce moment-là ?

Avant de défiler, il y a l’heure qui précède notre entrée dans le stade. On est là, tous ensemble, on attend en piétinant. C’est difficile de décrire l’ambiance, mais ce sont des moments très forts. Et quand on se retrouve dans le tunnel juste avant de rentrer sur la piste, il se passe quelque chose. C’est génial. Puis vient le tour de piste. C’est un beau symbole de voir tous les athlètes de leur pays qui défilent ensemble, tous unis, tous habillés de la même façon. C’est le dernier moment de détente avant la compétition, il n’y a pas de stress, mais en même temps je me souviens qu’il y avait énormément de concentration chez tout le monde. Les athlètes défilent dans la bonne humeur, véhiculent un message de paix lors de cette cérémonie, mais on sent aussi qu’ils ont envie d’en découdre, qu’ils sont prêts à aller chercher des médailles.

Vous étiez le porte-drapeau français lors des Jeux olympiques de Pékin. Vous avez donc dû vivre différemment cette cérémonie d’ouverture en 2008 ?

J’ai appris que j’étais porte-drapeau 100 jours avant les JO. J’ai vraiment été ému. C’était un grand moment, avec beaucoup d’émotion. Les porte-drapeaux ne sont pas nombreux, donc il s’agit vraiment d’un honneur. Pendant la cérémonie, même si je devais être devant la délégation avec mon drapeau, c’était un moment de communion avec les autres athlètes. Ça a aussi été un moment où j’ai ressenti une fierté particulière. Pour moi, clairement, ce fut un déclic, un tournant dans ma carrière. D’une part parce que cela voulait dire que j’avais la reconnaissance de mes pairs et de la famille olympique française. Et aussi parce que je changeais de rôle. Alors que j’avais toujours été centré sur moi, sur ma préparation sportive dans un "petit" sport individuel, là j’étais en charge de quelque chose de plus grand. Ça a renforcé mon sentiment patriotique et j’ai eu envie de m’impliquer davantage, en prenant des responsabilités dans les instances mondiales du sport. En ce qui concerne ma notoriété également, j'ai changé de dimension en 2008. Et si je porte aujourd’hui la candidature de Paris-2024, c’est d’abord grâce à mon expérience de porte-drapeau.