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Manifestation en Allemagne : Erdogan privé de discours, la tension monte entre Ankara et Berlin

Ankara a convoqué, lundi, le chargé d’affaires de l’ambassade d’Allemagne pour lui demander des explications sur la décision d'interdire un discours d'Erdogan par vidéo lors d'une manifestation à Cologne de milliers de Turcs pro-gouvernement.

Le ministère allemand des Affaires étrangères a minimisé, lundi 1er août, la convocation de son chargé d'affaires en Turquie, au lendemain d'une manifestation de Turcs à Cologne lors de laquelle le président Recep Tayyip Erdogan s'était vu interdire de s'exprimer par vidéo.

"Dans les relations entre États c'est une chose quotidienne, une normalité intervenant cent fois, que le représentant d'un État soit prié de se rendre au ministère des Affaires étrangères de son pays hôte", a estimé lors d'une conférence de presse régulière le porte-parole du ministère, Martin Schäfer. "C'est pourquoi il n'y a ici rien d'exceptionnel", selon lui.

Plusieurs dizaines de milliers de partisans d'Erdogan s’étaient rassemblés dimanche à Cologne, ville de l'ouest de l'Allemagne à forte population turque, en soutien au président turc, deux semaines après le coup d'État manqué. Erdogan avait alors demandé à Berlin l’autorisation d’intervenir dans une vidéo pour soutenir les manifestants – requête refusée par la Cour constitutionnelle allemande.

"Inacceptable"

Ankara a qualifié d'"inacceptable" cette décision. Le ministre turc des Affaires européennes, Omer Celik, a estimé sur Twitter qu'il s'agissait d'une "régression totale de la liberté d'expression et de la démocratie". La justice allemande craignait qu'un discours vidéo d'Erdogan n'exacerbe encore plus les tensions au sein de la diaspora turque en Allemagne, la plus importante du monde avec trois millions de Turcs et Allemands d'origine turque.

Ces tensions surviennent à un moment où les relations entre Berlin et Ankara se sont détériorées en raison d'une succession de différends – le dernier en date étant le vote par les députés allemands d'une résolution qualifiant de "génocide" le massacre des Arméniens sous l'empire Ottoman en 1915.

Après le putsch avorté du 15 juillet, plus de 18 000 personnes ont été placées en garde à vue à un moment ou à un autre au cours des deux dernières semaines. Environ 10 000 d'entre elles font maintenant l'objet de poursuites et ont été placées en détention préventive, dont des journalistes. Plus de 50 000 personnes ont été limogées. Pour la première fois, lundi, des dirigeants turcs ont indiqué que cette purge, critiquée à l'étranger pour son ampleur, avait pu donner lieu à "des erreurs".

Avec AFP et Reuters