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À Saint-Étienne-du-Rouvray, la cellule psychologique prise d'assaut au lendemain de l'attentat

Les habitants de Saint-Étienne-du-Rouvray étaient sous le choc mercredi, au lendemain de l'assassinat du père Jacques Hamel par deux hommes se revendiquant de l'EI. La cellule psychologique mise en place a été prise d'assaut.

Les 29 000 habitants de la petite ville ouvrière de Saint-Étienne-du-Rouvray tentaient, mercredi 27 juillet, de mettre des mots sur le drame survenu la veille. L'accès à l’église Saint-Étienne, où Jacques Hamel, 86 ans, a été tué par deux jihadistes, était encore barré par des camions de CRS.

Depuis mardi soir, c’est donc devant la mairie toute proche que les habitants viennent se recueillir ou déposer des bougies, des fleurs et des petits mots.

Difficiles pour ceux qui sortent faire quelques pas de ne pas croiser dans les rues des journalistes du monde entier, débarqués en plein mois de juillet dans cette commune où les différentes communautés religieuses cohabitent sans problème.

Le meilleur exemple de cette entente est la mosquée Yahia, "construite il y a quelques années sur un terrain cédé pour un euro symbolique par les sœurs de la paroisse" de l’église Sainte Thérèse, rappelle Le Monde.

Dans la ville, tout le monde où presque connaissait le père Jacques Hamel. "Il a baptisé mes enfants et marié un de mes fils en septembre 2010. On a l'impression que c'est irréel et puis, d'un coup, ça arrive près de chez nous. Ici, c'est paisible", observe Catherine, les larmes aux yeux. "Faut vivre avec", se résigne-t-elle.

Patrick, un retraité, se souvient du père Hamel comme d'un... amateur de foot. "Je le voyais dans les tribunes du stade Robert Diochon", raconte-t-il, tout en redoutant les "amalgames" qui visent la communauté musulmane.

"Sentiment d’insécurité global"

Mohammed Karabila, le président du Conseil régional du culte musulman de Haute-Normandie, en charge de la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray, a déclaré avoir perdu "un ami". Les deux hommes faisaient partie d’un comité interconfessionnel depuis 18 mois.

Pour tenter de faire face, de nombreux habitants de Saint-Étienne-du-Rouvray se pressaient mercredi à la cellule psychologique organisée de manière volontaire par Frédéric Tran, un psychologue de 53 ans venu de Rouen.

"Beaucoup de personnes sont venues depuis ce matin parler de leurs appréhensions. Ils ne pensaient pas qu'un tel acte pouvait se produire si près d'eux et d'une telle manière", explique-t-il. "Cela entraîne beaucoup d'angoisse et un sentiment d'insécurité global", poursuit-il.

Pour surmonter le traumatisme, le thérapeute conseille aux habitants de ne pas s’isoler "devant la télévision à regarder les images en boucle". Il invite les personnes qui viennent le consulter à partager leurs peines et à "échanger avec les personnes qui partagent les mêmes peurs".

"Je pense qu'on peut répondre collectivement, il y a un effet de solidarité", indique-t-il, citant en exemple des gens qui ont interrompu leurs vacances pour aider leurs collègues de la mairie.

Un message qui rejoint celui prononcé la veille par le maire communiste de la ville. La voix pleine d'émotion, Hubert Wulfranc avait déclaré : "Soyons ensemble les derniers à pleurer et soyons ensemble les derniers à être debout contre la barbarie et dans le respect de tous".

Avec AFP