Le témoignage de la chef du service de vidéosurveillance de Nice, qui dit avoir subi des pressions du ministère de l'Intérieur pour son rapport sur le dispositif policier du 14-Juillet, semble comporter des failles, selon Europe 1.
La fiabilité du témoignage du service de vidéosurveillance de Nice vacille. Celle qui affirme avoir subi des pressions émanant du ministère de l’Intérieur lors de la rédaction d’un rapport sur le dispositif policier le soir de l’attentat du 14 juillet, n’a pas eu affaire à un membre du cabinet de Cazeneuve, selon une information révélée lundi 25 juillet par Europe 1.
Sandra Bertin, qui dirige le centre de supervision urbain (CSU) de Nice, a en effet déclaré ce week-end qu'une "personne pressée" du ministère de l'Intérieur lui avait donné pour instruction de mentionner la présence de policiers nationaux sur les lieux de l'attentat et de rendre un rapport dans une forme "modifiable". Des accusations qualifiées de "graves" par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a dit son intention de porter plainte pour diffamation.
Europe 1 affirme avoir pu consulter la copie du courriel envoyé le 15 juillet à 17h35 transmis par la fonctionnaire de police. D’après la radio, le courriel a été adressé à une fonctionnaire de police ne faisant pas partie du cabinet de Bernard Cazeneuve mais à une commissaire de police travaillant à l'état-major de la Direction centrale de la sécurité publique.
La mission de cette dernière consiste à centraliser les informations sur tous les principaux faits qui surviennent en France pour les transmettre à son directeur central et au directeur général de la police. "Et si la commissaire a demandé une version "modifiable", ce n'est pas pour falsifier quoi que ce soit, a expliqué la direction de la police à Europe 1, c'est simplement pour pouvoir faire du copier-coller, et reprendre tels quels des éléments transmis par la police municipale dans la note d'information de la sécurité publique.
"Le pot de terre contre le pot de fer"
L’avocat de la policière, Maître Adrien Verrier, tient un tout autre discours. "Si les révélations selon lesquelles la personne qui était au bout de fil était effectivement un commissaire de police de l'état-major qui n'appartenait pas au cabinet, cela voudrait dire que cette personne a également menti sur sa qualité et a également utilisé une qualification qui n'était pas la sienne", a assuré le juriste à des journalistes. "Si cette personne fait bien partie d'une direction centrale, il s'agit d'un état-major qui est structurellement relié directement avec le ministère de l'Intérieur", a-t-il ajouté.
"Nous avons formalisé le signalement au procureur de la République avec toutes les pièces justificatives, avec tous les noms, tous les détails de manière à permettre le cas échéant au parquet, s'il l'estime nécessaire, de faire toute la lumière et toutes les investigations sur les faits qui sont dénoncés", a en outre précisé l'avocat. La "pression psychologique dont elle parle [...] a duré à peu près une heure le 15 juillet".
À la question de savoir si la policière avait pu être instrumentalisée, son avocat a répondu : "Si vous connaissiez la personnalité et le caractère de Sandra Bertin vous ne poseriez pas cette question." […] "Cette personne n'est pas du tout instrumentalisée, elle a une personnalité très forte, suffisamment forte pour affronter cette tempête judiciaire". Et de conclure, "notre but c'est d'essayer de faire en sorte que pour une fois, le pot de terre puisse gagner contre le pot de fer."
Depuis l'attentat du 14 juillet, le gouvernement fait face à de nombreuses critiques concernant le dispositif policier mis en place sur la Promenade des Anglais le soir de l'attentat qui a fait 84 morts.
Avec AFP et Reuters