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La justice turque émet des mandats d'arrêt contre 42 journalistes

Les autorités turques ont délivré des mandats d'arrêt contre 42 journalistes dans le cadre des investigations sur le putsch manqué du 15 juillet. Ce lundi, le président Recep Tayyip Erdogan doit recevoir l’opposition.

Des mandats d'arrêt ont été délivrés à l'encontre de 42 journalistes dans le cadre des purges lancées après le putsch raté du 15 juillet en Turquie, ont annoncé des médias turcs, lundi 25 juillet.

Parmi les journalistes, se trouve Nazli Ilicak, figure de premier plan du monde des médias en Turquie. Fondatrice l’an passé du journal Özgür Düsünce (La Libre pensée), elle avait été limogée du quotidien pro-gouvernemental Sabah en 2013 pour avoir critiqué des ministres impliqués dans un scandale de corruption.

Samedi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a prévenu dans un entretien exclusif à France 24 que si "les médias soutiennent le coup d'État, qu'il s'agisse de médias audiovisuels ou autres, ils en paieront le prix". "C'est dans les lois, c'est dans le droit, les médias sont dans l'obligation de (respecter) la loi", avait averti le chef de l'État, confronté aux critiques de l'Union européenne (UE) pour la sévérité des purges.

Ankara fait pression pour obtenir l'extradition de Gülen

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré que les relations entre les États-Unis et Ankara souffriraient d'un refus de Washington d'extrader le prédicateur en exil Fethullah Gülen, que le pouvoir turc accuse d'être l'instigateur du putsch manqué.

Dans une interview à la chaîne de télévision Habertürk, le chef de la diplomatie turque a ajouté qu'il aurait, lors de sa prochaine visite aux États-Unis des entretiens sur la question de son extradition.

Fetullah Gülen dément avoir joué un rôle dans la tentative de putsch, et Washington dit aux Turcs qu'ils doivent fournir la preuve de son implication. Selon des avocats, un processus d'extradition pourrait prendre plusieurs années.

Avec AFP
 

Le 19 juillet, le régulateur turc des médias audiovisuels, avait retiré la licence à de nombreuses chaînes de télévision et de radio soupçonnées de soutenir le réseau de Fethullah Gülen, prédicateur accusé d’avoir orchestré le putsch depuis les États-Unis où il est exilé (voir encadré - s'il ne s'affiche pas, cliquez ici). Cette décision concernait 24 chaînes de télévision et radios ainsi que 34 journalistes, considérés proches de ce religieux. Ils avaient été privés de leur carte de presse.

Depuis l'échec du coup d'État, plus de 11 000 personnes ont été placées en garde à vue et plus de 5 800 placées en détention.

Geste d’unité

Dans un rare geste d'unité, Recep Tayyip Erdogan doit recevoir lundi après-midi des chefs de l'opposition au palais présidentiel pour s'entretenir avec eux et les remercier pour leur "attitude déterminée contre le putsch". Le leader du parti pro-kurde HDP, accusé de soutien au terrorisme, n'est en revanche pas invité.

La veille, la principale formation d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), avait organisé, avec le soutien de l'AKP au pouvoir, un gigantesque rassemblement sur la place Taksim à Istanbul pour dire son opposition au putsch.

Lors de ce rassemblement, qui s'est déroulé sans incident, le chef du CHP, Kemal Kiliçdaroglu, a toutefois exhorté le gouvernement à se conformer à l'état de droit et à "punir au plus vite" ceux qui auraient lynché des soldats dans la nuit du coup.

Avec AFP