Plus de 2 600 migrants, dont une centaine de familles, ont été évacués, vendredi matin, d’un campement insalubre installé sous le métro dans le nord de Paris. Ils seront relogés dans des centres d’hébergement et des gymnases.
Un campement insalubre de plus de 2 600 migrants, qui s'était récemment reconstitué dans le nord de Paris, ont été évacués, vendredi 22 juillet. Il s’agit de la 26e opération de "mise à l'abri" de ce genre en un an.
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Peu après le début de l'opération, qui a démarré vers 06h30, des mouvements de foule ont commencé. Les gens se sont pressés pour monter dans les bus qui arrivaient au compte-goutte pour les conduire dans des centres d'hébergement. Les forces de l'ordre qui les contenaient les ont repoussés en utilisant des bombes lacrymogènes.
Les cars doivent les conduire dans des centres en Ile-de-France et en province. Quelque 1500 places ont été mobilisées, dont environ 500 en gymnase.
Des centaines de tentes au milieu des détritus
Entre 1 200 et 1 400 personnes, pour la plupart des hommes originaires d'Érythrée, de Somalie ou d'Afghanistan, avaient été recensées ces derniers jours dans ce campement situé entre les stations de métro Jaurès et Colonel Fabien, à cheval sur les Xe et XIXe arrondissements.
Une centaine de personnes vulnérables (femmes isolées, enfants, familles) ont été prises en charge en premier.
La foule s'était progressivement installée sur le terre-plein central envahi par des centaines de tentes et de matelas, au milieu des détritus et des flaques d'urine. À quelques mètres se trouvent des locaux de France terre d'asile, où les migrants font leur première demande d'enregistrement.
Avec la chaleur et l'afflux de nouveaux migrants, les tensions étaient montées d'un cran ces dernières semaines. Le week-end dernier, des rixes avaient éclaté entre migrants, nécessitant l'intervention de policiers et CRS.
"Sentiment d'épuisement"
Pierre Henry, directeur de France Terre d'asile, a confié son "sentiment d'épuisement" : "On a tous le même regard sur le problème : il faut dans toutes les capitales régionales des centres pour accueillir et orienter les migrants, pour arrêter d'attirer les gens à Paris et à Calais. Si ce n'est pas fait, c'est que la décision politique n'est pas prise".
Didier Leschi, directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii), a expliqué que lors des dernières évacuations, "il y avait 90 % d'hommes, avec une moyenne d'âge de 25 ans, venant en majorité d'Afghanistan, du Soudan, d'Érythrée. Là, il y a aussi des gens d'un peu partout, du Maghreb..." "Des gens qui peuvent demander l'asile mais ne veulent pas, parce que la France n'est qu'une étape, d'autres qui n'ont pas fait les démarches", poursuit-il. Quelques-uns aussi "qui ont obtenu le statut de réfugié mais ne trouvent pas d'emploi et ne savent pas où se loger", et certains "qu'on évacue et qui reviennent...".
Depuis un an, les campements se sont régulièrement reconstitués dans les quartiers proches de la Gare du Nord, débouchant à chaque fois sur une évacuation.
Capacité d’accueil en centre insuffisante
La Coordination française pour le droit d'asile (CFDA), qui regroupe des associations d'assistance aux migrants, a déploré, jeudi, le "harcèlement policier et administratif" dont sont victimes les personnes exilées, alors que "la France a l'obligation d'accueillir dignement et d'héberger l'ensemble des personnes qui demandent une protection sur son territoire".
"Cet accueil doit en principe se faire dans des Centres d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada), où elles doivent être suivies et accompagnées tout au long de leurs démarches", rappelle la CFDA. Mais "en dépit de créations importantes de places d'hébergement [ 20 000 en deux ans], les capacités demeurent insuffisantes".
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé la création, à la mi-septembre, d'un centre humanitaire de réfugiés dans le nord de la capitale.
Avec AFP