L'organisation État islamique a revendiqué, mardi, l'attaque à la hache dans un train régional de Bavière, en Allemagne, qui a fait quatre blessés graves. Elle a diffusé une vidéo de l’auteur proférant des menaces avant de passer à l’acte.
L'attaque à la hache et au couteau, perpétrée lundi soir, dans un train régional de Bavière, dans le sud de l'Allemagne, a été revendiquée par l'organisation État islamique (EI), mardi 19 juillet. Elle a également diffusé une vidéo montrant l’auteur de l’attaque annonçant cette agression et proférant des menaces contre les pays "infidèles".
Dans ce document, sous-titré en arabe et diffusé sur Amaq, l'agence de presse liée à l'EI, l’agresseur, un jeune homme de 17 ans, apparaît avec un couteau à la main, annonçant en langue pachtoune cette "opération" et se présentant comme un "soldat du califat".
Lors de cette attaque, quatre personnes ont été gravement blessées. L’une d’entre elles demeure dans un état critique. Selon la presse allemande, il s’agit de touristes chinois venant de Hong Kong, trois membres d'une même famille, ainsi qu'un ami qui les accompagnait. Quatorze personnes ont été traitées pour un choc psychologique sur place.
Scène de "boucherie"
Un riverain, qui a pu pénétrer dans le convoi, a décrit une "scène de boucherie" à l'intérieur du train, avec des traces de sang et des pansements laissés sur place par les équipes de secours.
"L’auteur des faits est parvenu à quitter le train, la police est partie à sa poursuite et dans le cadre de cette poursuite elle a tiré sur l'agresseur et l'a tué", a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur bavarois.
Selon le ministre régional de l'Intérieur, Joachim Hermann, une unité spéciale d'intervention de la police allemande (SEK), qui l'avait pris en chasse, a fait feu lorsque le jeune homme a tenté de s'en prendre à elle avec ses armes blanches. Cette unité se trouvait par hasard, pour une autre mission, dans la ville, et a pu intervenir rapidement lorsque l'alerte a été donnée.
Le motif de l'agression pas clair à ce stade
L'auteur de l'agression était un demandeur d'asile, arrivé seul, sans famille, en Allemagne, a indiqué le ministre de l'Intérieur de Bavière. Il vivait dans la localité d'Ochsenfurt, voisine de l'endroit où se sont déroulés les faits, et était pris en charge dans un foyer pour réfugiés mineurs. Selon les médias, il effectuait un stage de boulanger.
Il aurait crié "Allahou Akbar !" (Dieu est grand) en passant à l'acte, rapportent plusieurs chaînes de télévision, citant le ministère bavarois de l'Intérieur, mais l'information n'a été confirmée ni par le ministre lui-même ni par la police. Dans la matinée, les autorités bavaroises ont indiqué avoir retrouvé un drapeau de l'organisation État islamique dessiné à la main dans la chambre du jeune homme.
Identifié tout d’abord comme un Afghan, il pourrait finalement s’agir d’un Pakistanais. "Il y a des indications selon lesquelles il ne s'agirait pas du tout d'un Afghan mais d'un Pakistanais, mais on doit laisser cela à l'enquête", a ainsi déclaré le ministre allemand de l’Intérieur Thomas de Maizière . Parmi les éléments suggérant une nationalité pakistanaise, figure l'analyse de la vidéo de revendication de l'EI, dans laquelle l'auteur annonce son acte. Elle a montré qu'il utilisait pour certains termes un dialecte pachto parlé au Pakistan et non en Afghanistan, selon ZDF. Son accent est aussi clairement pakistanais.
En outre, le nom qui lui est donné dans la vidéo, Muhammad Riyad, est différent de celui sous lequel il était enregistré en Allemagne, à savoir Riaz Khan Ahmadzai, selon le quotidien Bild.
Le ministre de l’Intérieur a cependant également fait état d’éléments plaidant pour une nationalité afghane. Les Pachtounes, dont était issu le demandeur d'asile de 17 ans, "vivent à la fois en Afghanistan et au Pakistan", a-t-il rappelé. Il a ajouté que le jeune homme avait été informé peu avant de passer à l'acte de la mort d'un ami en Afghanistan, qui "a peut-être constitué un élément déclencheur".
De quoi raviver le débat sur les réfugiés
Si la piste d'un attentat à motivation jihadiste devait se confirmer, venant de surcroît d'un demandeur d'asile, elle serait de nature à rallumer le débat en Allemagne sur la politique d'ouverture généreuse de la chancelière Angela Merkel à l'égard des réfugiés.
itMême si les statistiques du ministère de l'Intérieur ne montrent aucune corrélation entre l'afflux de demandeurs d'asile et la hausse de criminalité ou du risque terroriste, la droite populiste allemande en particulier surfe sur les craintes à ce sujet dans l'opinion.
Plus d'un million de réfugiés sont arrivés en Allemagne l'an dernier, dont une partie importante de Syriens fuyant guerres et persécutions. Les Afghans aussi constituent une part importante de ces nouveaux arrivants.
Jusqu'ici, l'Allemagne a été plutôt épargnée par les attentats jihadistes, à l'exception d'une attaque au couteau perpétrée contre un policier par une adolescente de 15 ans, d'origine turque, en février en garde de Hanovre (nord). L'enquête a démontré depuis la motivation islamiste de cette jeune fille, qui avait cherché peu avant à se rendre en Syrie via la Turquie pour rejoindre l'organisation État islamique.
Avec AFP et Reuters