
En réponse à l'attentat de Nice, François Hollande a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi le renforcement des mesures de sécurité en cours, dont l'efficacité est pourtant jugée "limitée" par le rapport parlementaire sur les attentats de 2015.
Prolongation de l’état d’urgence de trois mois, renforcement de l’opération Sentinelle, appel à la réserve opérationnelle : en dépit de l’efficacité limitée de ces dispositifs, les annonces de François Hollande, faites dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 juillet après l'attentat de Nice, montrent qu'il est impossible pour un président de la République de s'affranchir d'un affichage politique lorsqu'il s'agit de répondre à une attaque terroriste.
"On avait besoin d'une réponse forte de l'État", pour que celui-ci "donne un sens à ce qui s'est passé à Nice", reconnaît le député socialiste Sébastien Pietrasanta, rapporteur du rapport, publié le 12 juillet, de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015. "Les Français n'auraient pas compris qu'on sorte de l'état d'urgence" le 26 juillet, ajoute-t-il, comme François Hollande l'avait initialement annoncé jeudi 14 jullet.
En réalité, il s'agit de montrer à la population que l’État réagit immédiatement et de la rassurer par la présence bien visible de militaires lourdement armés dans certains lieux sensibles. L'objectif est aussi de parer à toute critique de l’opposition.
De nombreuses personnalités de droite ont ainsi rapidement accusé François Hollande d’avoir annoncé la fin de l’état d’urgence lors de son interview du 14 juillet. D’autres ont réclamé une augmentation de la présence des forces de l’ordre sur le terrain, à l’image d’Alain Juppé qui affirme que "cela fait des mois et des mois que nous demandons le déploiement des réserves opérationnelles" de l'armée.
"L'état d'urgence ne règle rien. Ça rassure, c'est tout"
Pourtant, les personnes ayant travaillé sur le dossier ont bien conscience de l'inefficacité à long terme de ces dispositifs de sécurité. "L'état d'urgence ne règle rien. Ça rassure, c'est tout. La force Sentinelle ne règle rien non plus. C'est psychologique", a ainsi affirmé, au lendemain de l’attaque au camion de Nice, George Fenech, député LR et président de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015.
"Il est quasiment impossible d'appréhender avant son passage un individu qui prend un camion et qui fonce sur une foule", a pour sa part observé Sébastien Pietrasanta. Il est en outre "impossible de protéger tous les lieux où se réunissent les Français", ces "cibles molles" que constituent les "terrasses des cafés" ou encore la Promenade des Anglais, a-t-il affirmé.
Mais comme le résume parfaitement le député européen LR Arnaud Danjean sur Twitter, peu de temps après l'attaque de Nice, "pas facile d'expliquer que ce qui rassure n'est pas ce qui protège le mieux".
Pas facile d'expliquer que ce qui rassure (Sentinelle,État d'urgence,frappes aériennes...) n'est pas ce qui protège le mieux #terrorisme
— Arnaud Danjean (@ArnaudDanjean) 15 juillet 2016Dans ses conclusions, la commission parlementaire soulignait notamment la "portée limitée" de l’état d’urgence et de l’opération Sentinelle. Les perquisitions administratives et assignations à résidence permises par l’état d’urgence au lendemain du 13-Novembre ont eu un effet dans un dans un premier temps, expliquait le rapport, mais cet effet "semble s’être rapidement amenuisé".
Quant à l'opération Sentinelle, qui a fait passer de 800 à 10 000 le nombre de soldats déployés sur le territoire après les attentats de janvier 2015, celle-ci n'a pas prouvé son efficacité aux yeux des membres de la commission d’enquête parlementaire, a précisé Sébastien Pietrasanta, qui s'est interrogé sur "la valeur ajoutée réelle de cette opération dans la sécurisation du territoire national". Le rapport parlementaire recommande ainsi de réduire progressivement le nombre de soldats de Sentinelle et de renforcer en contrepartie le plan Vigipirate avec le recrutement de 2 000 policiers et gendarmes.
Avec AFP