Le Royaume-Uni a qualifié d'"inacceptables" les déclarations de l'ayatollah Ali Khamenei, qui a fortement mis en cause Londres dans son discours. Les autres pays occidentaux ont exprimé leur inquiétude et appelé Téhéran à la retenue.
AFP - Les pays occidentaux ont appelé Téhéran à faire preuve de retenue vendredi après les déclarations du guide suprême iranien, Ali Khamenei, tandis que Londres qualifiait "d'inacceptables" ses accusations contre la Grande-Bretagne.
Ali Khamenei a mis en garde contre la poursuite des manifestations et apporté son soutien à la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad. Il a mis en cause la Grande-Bretagne, huée par les manifestants pendant son prêche.
Les 27 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne ont appelé les autorités iraniennes à garantir "le droit de tous les Iraniens à se rassembler et à s'exprimer pacifiquement" et "à s'abstenir de recourir à la force contre les manifestations pacifiques".
"L'Union européenne observe avec une grande inquiétude les réponses aux manifestations à travers l'Iran. Elle condamne fermement le recours à la violence contre les manifestants qui a conduit à la mort de plusieurs personnes", ont-ils ajouté dans un texte adopté vendredi au cours d'un sommet à Bruxelle.
Les dirigeants européens ont mis en doute les propos d'Ali Khamenei qui a exclu la fraude, réclamant à nouveau une enquête et estimant que les résultats des élections "devraient refléter les aspirations et les choix du peuple d'Iran".
Particulièrement visé dans le prêche d'Ali Khamenei, Londres a pour sa part convoqué le chargé d'affaires iranien: "Nous avons clairement dit au chargé d'affaires iranien que les propos du guide suprême étaient inacceptables et non fondés sur des faits", a déclaré un porte-parole du Foreign Office dans un communiqué.
Les pays occidentaux "ont montré leur vrai visage, en premier lieu le gouvernement britannique", avait lancé dans son prêche Ali Khamenei alors que la foule criait "A bas la Grande-Bretagne!"
Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a tenu à faire savoir que la Grande-Bretagne n'était pas isolée dans ses critiques: "Le monde entier regarde l'Iran" et "le monde entier s'exprime", a-t-il déclaré, ajoutant: "Il est juste pour nous de défendre les droits de l'homme, de nous exprimer contre la répression, de condamner la violence et le fait qu'un média libre est empêché de faire son travail". "Et nous continuerons de le faire", a-t-il averti.
Evoquant des "résultats incohérents", le président français Nicolas Sarkozy a appelé les dirigeants iraniens à "ne pas commettre l'irréparable" tandis que le ministère français des Affaires étrangères déclarait appuyer "le droit et le souhait des Iraniens à une transparence et à la verité".
Les partisans de Mir Hossein Moussavi, principal rival d'Ahmadinejad, qui réclament l'annulation de la présidentielle du 12 juin, ont prévu de manifester une nouvelle fois à Téhéran samedi. Leur manifestation a été interdite.
Selon Amnesty International, dont le siège est à Londres, dix personnes ont été tuées au cours des manifestations de l'opposition à Téhéran.
Dans un communiqué rédigé avant le prêche d'Ali Khamenei, le Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Mme Navi Pillay s'est inquiétée du "nombre croissant d'arrestations, peut-être menées en dehors du cadre légal". Elle s'est également inquiétée "de la possibilité de recours excessif à la force et d'actes de violence par des membres de milices".
Un porte-parole du Haut commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme, M. Rupert Colville, a estimé à "plusieurs centaines" le nombre d'arrestations, entre "défenseurs des droits de l'homme, journalistes, et chefs de partis politiques".
L'avocate iranienne Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, a appelé "la communauté internationale à empêcher (le gouvernement iranien) de tirer sur le peuple. "J'attends de la communauté internationale qu'elle empêche la poursuite de la violence de la part du gouvernement. J'attends qu'elle empêche de tirer sur le peuple", a déclaré la militante des droits de l'homme à l'AFP.
Signes des inquiétudes sucitées par l'Iran, troisième producteur mondial de pétrole, les cours du brut atteignaient 72 dollars le baril vendredi matin à New York.