La police allemande a procédé à 60 perquisitions dans le cadre de la première opération nationale contre les auteurs de propos haineux sur Internet. Une opération coup de poing qui visait spécifiquement un groupe néo-nazi actif sur Facebook.
La police allemande a annoncé, mercredi 13 juillet, avoir procédé à 60 perquisitions dans 14 Länder (régions allemandes) lors de la première journée d'action contre les auteurs de propos haineux sur Internet en Allemagne. Une opération coup de poing sans précédent qualifiée d'"avertissement" par le ministre allemand de la Justice, Heiko Maas, dans un communiqué de presse.
Cette action visait plus spécifiquement un groupe Facebook néo-nazi qualifié de "secret" par la police. Entre juillet et novembre 2015, les enquêteurs allemands y ont découvert de multiples messages glorifiant le régime hitlérien, appelant à la violence contre les réfugiés et proférant des propos racistes et antisémites.
Essentiellement en Bavière
Les domiciles de 40 personnes suspectées d'appartenir à ce groupe ont été perquisitionnés. La plupart d'entre eux, dont les deux responsables, résident en Bavière, un Land dans le sud de l'Allemagne. Du matériel de propagande et des preuves des délits ont été retrouvés sur les ordinateurs et les téléphones portables saisis.
Ces descentes policières interviennent dans un contexte de tensions croissantes en Allemagne où environ un million de migrants sont arrivés l'an dernier. Des mouvements populistes comme Pegida ou le parti Alternative für Deutschland (AfD) entretiennent un climat délétère multipliant les déclarations et provocations contre les immigrés. En mai dernier, l'un des principaux dirigeants de l'AfD avait ainsi déclaré que "l'islam n'était pas compatible avec la constitution allemande".
Pas d'anonymat
Dans cette ambiance délétère, des Allemands ont décidé de déverser un flot de plus en plus important de message haineux sur Internet. Un blog Tumblr recense depuis plus d'un an les principaux dérapages racistes constatés essentiellement sur Facebook.
La chancelière, Angela Merkel, avait même demandé au roi américain des réseaux sociaux, en septembre 2015, d'être plus ferme à l'égard de ce type de contenus. Cela n'a pas empêché des internautes allemands de continuer leur activismes sur Facebook, estimant que la plateforme leur procurait un certain anonymat.
L'action policière de mercredi vise aussi à rappeler que les autorités peuvent remonter à la source des messages haineux. Cette opération doit avoir, d'après le ministre de la Justice, un effet aussi bien punitif que préventif. Les suspects visés par les perquisitions encourent, s'ils sont reconnus coupables d'appel à la haine ou à la violence, d'une peine maximum de trois ans de prison ferme.