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Mercredi, une enquête publiée dans Les Inrockuptibles attribue des pratiques sordides à Jean-Marc Morandini. Elle décrit l’animateur comme un manipulateur et un pervers : tout ce qu’il dénonçait du monde de la télévision dans un livre en 2004.
La planète média ne parle que de ça ce mercredi 13 juillet 2016. L’enquête choc du magazine Les Inrockuptibles dévoile les coulisses nauséabondes de la web-série "Les Faucons", produite par Ne zappez pas ! production (NZPP), gérée par Jean-Marc Morandini. Jeunes acteurs incités à se dénuder, à se masturber et pourquoi pas à "faire une fellation à JMM", travail dissimulé… le tableau est accablant.
Enquête sur les pratiques de Jean-Marc Morandini https://t.co/8reM8uiBSx par @FannyMarlier pic.twitter.com/MWhYEdtfWB
— les inrocks (@lesinrocks) 12 juillet 2016
En 2004 pourtant, Jean-Marc Morandini dénonçait précisément ces pratiques dans "Le bal des faux-culs. Télé, radio : tout ce qu’on ne vous dit pas", paru aux éditions l’Archipel. On s’est replongés dans ce "réquisitoire contre un certain système" (dixit la 4e de couverture).
Sur le travail bénévole et dissimulé
Gabriel Picq, l’un des acteurs choisis pour "Les Faucons", rapporte qu’après un entretien où il a dû poser nu devant l’animateur, "Jean-Marc Morandini a demandé aux comédiens de jouer bénévolement pour le premier épisode". Et ce n’est pas tout. Contacté par Les Inrockuptibles, Me Thierry Vallat assure que "l’employeur NZPP a procédé ici à une dissimulation de travail" en ne déclarant que quatre heures de tournage sur les "trente-cinq heures et quarante-cinq minutes de travail" d’un comédien.
Dans son livre-confession, Jean-Marc Morandini se plaignait justement de ne pas avoir été payé correctement au lancement de l’émission "Tout est possible" sur TF1 à l’automne 1993 :
"Un problème de taille subsiste pourtant : mon salaire. Je n’ai pas été payé pour l’émission diffusée en septembre [1993], puisqu’il s’agissait du ‘pilote’. En octobre, la production m’a généreusement accordé… 2 500 francs. Salaire inchangé pour les mois de novembre et décembre. Chaque fois que j’aborde ce sujet, j’obtiens la même réponse : ‘Tu te rends compte de la chance que tu as d’être sur TF1.' Là encore, ma naïveté et ma jeunesse me lèsent. On m’explique que les budgets sont réduits au strict minimum, que la production perd de l’argent sur chacune des émissions. Je n’ai aucune raison de mettre en doute ceux qui me tiennent ces propos. Après tout, si je suis là, c’est aussi grâce à eux."
Sur la manipulation
Les témoignages de Gabriel, Pierre, Antoine et les autres ne font aucun doute : s’ils ont accepté d’aller loin, voire trop loin, c’est parce qu'ils ont été manipulés par l’équipe de Jean-Marc Morandini, parmi laquelle la fameuse Catherine Leclerc, directrice de casting, que le magazine soupçonne tout simplement d’être... Jean-Marc Morandini en personne. Après avoir incités les jeunes candidats à tourner des scènes "en érection" juste pour "tester [leurs] limites" et les aider à "se dépasser", Catherine joue sur la notoriété du producteur pour négocier… une fellation : "Vous vous sentez de faire une fellation à JMM, qui n’est pas n’importe qui… Star télé et radio mais ça c’est vrai que vous ne le savez pas."
"J'ai l'intuition d'avoir été utilisé, manipulé et enfin jeté"
Après l'échec de son passage sur TF1 en 1996, Jean-Marc Morandini regrettait d’avoir été soumis, manipulé et influencé par les tout-puissants de la chaîne :
"Avant je me répétais que les mauvaises expériences, comme les bonnes, font progresser. J’apprends qu’elles peuvent aussi détruire […] J’ai le sentiment d’une profonde injustice, l’intuition d’avoir été utilisé, manipulé et enfin jeté. Je sais aujourd’hui que je suis en grande partie responsable de cet état de fait. ‘On se soumet ou l’on se démet’, disait Gambetta à Mac-Mahon. Inconsciemment, j’avais choisi de me soumettre. Je m’étais tu trop longtemps. Le rêve était devenu cauchemar, mais le gamin que j’étais se sermonnait : ‘Rends-toi compte, tu es sur TF1.’ Aujourd’hui, j’ajouterais : ‘Et alors ?’"
Sur l’omniprésence du sexe et du trash
Le compte Twitter de la série se voulait prometteur : "Les Faucons" seraient une "web-série inédite" sur une équipe de football, "sans tabou et sans censure", "qui ne cache rien sur la vie des jeunes".
Une "série réalité" c'est une série sans tabou et sans censure ! La première débarque bientôt. Abonnez-vous ICI pic.twitter.com/7lNbJY3w8D
— Les faucons-SerieTV (@lesfaucons) 5 février 2016
Pourtant, les trois premiers épisodes publiés sur la chaîne Dailymotion de Jeanmarcmorandini.com sont un enchaînement de "scènes de masturbation et d’érection" où "la nudité est devenue gratuite, sans aucun intérêt". Aux Inrocks, un membre de l’équipe technique de la série assure que "Jean-Marc Morandini ajoutait lui-même toutes les scènes de sexe dans le scénario".
"Je voulais faire de l'information"
En 2004, dans son livre "Le bal des faux-culs" toujours, Jean-Marc Morandini soutenait pourtant qu'il "voulait faire de l’information" dans "Tout est possible" mais que "[les téléspectateurs de TF1] attend[aient] la version plus sexe, plus racoleuse". Et dans le chapitre de conclusion de son bouquin, il s’insurge contre le penchant de la télévision vers le cru, le trash :
"La télé est entrée dans l’ère du voyeurisme et de l’exhibitionnisme, avec l’acquiescement des téléspectateurs, toujours plus nombreux à plébisciter des programmes d’un nouveau genre (…) J’ai compris qu’il y a deux types d’audience : celle dont on est fier parce qu’on a tenté d’élever le niveau et que l’on est resté digne, et celle qui l’on obtient en flattant les plus bas instincts et en recourant aux méthodes classiques : sexe, argent, drame."
Sur le côté obscur des animateurs
Les milliers de lecteurs et internautes qui relaient cette enquête depuis sa publication découvrent avec effroi que Jean-Marc Morandini "demandait à récupérer tous les rushes le plus rapidement possible" ou questionnait – par la voix de Catherine – un ado de 19 ans pour savoir s’il s’était "déjà retrouvé en érection" devant son frère de 14 ans, et s’ils étaient "allés jusqu’à la fellation". Des informations contre lesquelles Jean-Marc Morandini a décidé de porter plainte pour diffamation.
"Être beau et télégénique ne suffit pas"
Dans son "bal des faux-culs", Morandini s’en prenait pourtant sans vergogne à Cauet, Carole Rousseau, Nikos Aliagas et d’autres qu’il accusait de dissimuler leur côté obscur :
"De toutes ces rencontres, je tire une réflexion : pourquoi une telle différence entre les personnages du petit écran et ce qu’ils deviennent lorsque les projecteurs s’éteignent ? On parle de ‘preuve par l’image’, mais, en réalité, c’est l’image qui est fausse. Et qui fausse tout. Être animateur, ne serait-ce pas, tout simplement, faire l’acteur ? Se créer un personnage, se faire remarquer ? Être différent ? Être beau et télégénique ne suffit pas : pour sortir du lot, il faut avoir une personnalité. Certains se forgent de toutes pièces un profil sympathique ou se dotent d’un ton incisif qui ne leur correspond pas."
Si les éléments de cette enquête étaient avérés, l’image du professionnel reconnu au sourire éclatant, construite depuis près de trente ans, pourrait bien voler en éclat. Et la quotidienne qui vient de lui être attribuée sur i-Télé filer entre ses dents blanches.
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