L'armée malienne a tiré, mardi, sur des manifestants rassemblés à Gao, dans le nord du pays. Ils protestaient contre la mise en place d'une nouvelle autorité de transition dans la région. Trois personnes ont été tuées et une trentaine blessées.
L'armée du Mali a ouvert le feu, mardi 12 juillet, sur un rassemblement de civils à Gao, dans le nord du pays. Trois personnes ont été tuées et une trentaine blessées, rapporte un responsable de l'hôpital de Gao.
Les manifestants protestaient contre l'installation d'une nouvelle autorité de transition censée prendre les rênes de la région à partir de vendredi. "[C'était] une nouvelle marche organisée par plusieurs groupes de jeunes, malgré l’interdiction des autorités" explique Francois Rihouay, correspondant de France 24 au Mali. La manifestation avait en effet été interdite par les autorités en raison de l'état d'urgence en vigueur, jusqu'à vendredi, a expliqué à l'AFP un responsable de la mairie de la ville joint par téléphone depuis Bamako.
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En dépit de l'interdiction, les protestataires, au nombre de plusieurs milliers, se sont rassemblés dans les rues de la ville avant de marcher vers le commissariat central et de l'encercler. Beaucoup d'entre eux, les plus jeunes, étaient munis de couteaux, a constaté un journaliste de Reuters. Certains manifestants ont incendié des pneus, d'autres jeté des pierres sur la police.
"Plusieurs observateurs ainsi qu’une source de la mission de l'ONU affirment que les autorités ont tiré à balles réelles sur les manifestants et ont aussi fait usage de tirs lacrymogènes contre ces jeunes [...]", précise le journaliste de France 24.
Crispation autour des "autorités intérimaires"
Selon le blogueur Abdoul M. Aïga, les protestataires avaient appelé à une marche patriotique dans la ville depuis plusieurs jours via les réseaux sociaux.
Le genre de msgs qui circulent dans les groupes Whatsapp des communutés songhois de Gao depuis assez lgtps. #Mali pic.twitter.com/qzK5xhrF8z
— Abdoul M. Maïga (@nboraghan) 12 juillet 2016Depuis plusieurs mois, le gouvernement malien et les groupes armés du pays tentent de trouver un terrain d'entente. Signataires de l'accord de paix de mai-juin 2015, les différentes parties s'étaient entendues sur la création "d'autorités intérimaires" dans les cinq régions administratives du nord du Mali. Les habitants pensent que ces "autorités" donneront le pouvoir aux groupes armés.
L'accord de paix prévoit aussi un processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des groupes armés – pro-Bamako et de l'ex-rébellion. Il vise à isoler définitivement les groupes jihadistes qui avaient pris le contrôle de ces vastes régions en mars-avril 2012.
Avec Reuters