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Les autorités israéliennes ont adopté une loi controversée sur le financement des organisations humanitaires. Les opposants à la mesure y voient une attaque contre les groupes de défense des droits de l'Homme.

Les débats étaient vifs depuis plusieurs semaines en Israël. Mais cela n'a pas empêché les députés israéliens d'adopter, lundi 11 juillet, une loi sur le financement des organisations non gouvernementales.

Présenté par la ministre de la Justice d'extrême droite Ayelet Shaked, la "loi transparence" obligera les ONG à préciser l'origine de leurs donations si plus de la moitié provient d'États autres qu'Israël. Une amende est prévue pour ceux qui ne respecteraient pas cette loi.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a défendu la loi comme "démocratique et nécessaire", et a semblé évoquer le soutien financier reçu par des groupes israéliens qui défendent un État palestinien.

Pour les soutiens du gouvernement, la loi mettra fin aux ingérences étrangères dans ses affaires intérieures. "J'espère que les pays [...] tenteront d'influencer Israël par la voie diplomatique, et pas en finançant à hauteur de millions de dollars ou d'euros des ONG, qui essaient habituellement de promouvoir leurs opinions", a expliqué lundi Ayelet Shaked citée par Reuters.

Loi discriminatoire

Mais nombreux sont ceux en Israël qui ne voient pas la mesure d'un bon œil et la considèrent comme une attaque du gouvernement de droite contre les groupes de défense des droits de l'Homme. Les États-Unis et l'Union européenne se sont inquiétés publiquement de ce texte, qui a été adopté en troisième lecture par 57 voix contre 48 lors d'une séance parlementaire houleuse.

Ses opposants jugent la loi discriminatoire car la plupart des groupes qui reçoivent des fonds d'autres pays ou de l'UE sont des associations opposées à la politique du gouvernement à l'égard des Palestiniens.

"La loi sur les ONG [...] illustre, plus que toute autre chose, le fascisme naissant qui s'insinue dans la société israélienne", a déclaré à des journalistes le chef de l'opposition Isaac Herzog, du parti de centre gauche de l'Union sioniste, quelques heures avant le vote.

"C'est une loi dont le seul but est de réduire au silence et de marquer ceux qui osent faire entendre des critiques à l'égard du gouvernement ou contre les colonies", déclare dans un communiqué le groupe Israel Peace Now. D'ailleurs, les fonds privés en provenance de l'étranger, et notamment l'argent reçu par les organisations israéliennes qui soutiennent les colonies de peuplement établies sur des territoires palestiniens, ne sont pas visés par la loi.

Sur plus de 30.000 associations enregistrées en Israël, la moitié est en activité. Environ 70 d'entre elles sont spécialisées dans le conflit israélo-palestinien et reçoivent des fonds de l'Union européenne ou de pays comme le Danemark, la Suède, la Belgique ou la Norvège.

Avec Reuters