
La police allemande a remis, lundi, son rapport final sur les agressions du Nouvel An dont la majorité a eu lieu à la gare de Cologne. Il y aurait 1 200 victimes dans tout le pays, environ 2 000 agresseurs, et à ce jour quatre condamnations.
Sept mois après les événements tragiques de la nuit de la Saint-Sylvestre en Allemagne, la police fédérale a enfin remis son rapport définitif, lundi 11 juillet. Plus de 1 200 femmes ont subi des agressions sexuelles qui ont été perpétrées par environ 2 000 hommes, selon ce rapport. Au cours des enqêtes menées par les autorités, seulement 120 suspects ont été interrogés.
Voila pour les chiffres chocs qui résument une nuit de violences dont Cologne a été l’épicentre médiatique pendant des semaines dans le monde entier. Mais la plus grande ville du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie n’a pas été la seule à connaître ces débordements sexuels, même si elle arrive en tête avec 650 victimes recensées. À Hambourg, plus de 400 femmes ont subi des agressions sexuelles, tandis qu’il y en a eu un nombre important aussi à Düsseldorf, Francfort et dans d’autres villes allemandes.
Des Nord-Africains plutôt que des Syriens
Le rapport n’élude pas la très sensible question de l’origine des agresseurs. Peu après les faits, les réfugiés syriens avaient rapidement été accusés et l’opposition populiste de droite en avait profité pour relancer un débat houleux et électoralement payant sur la politique d’accueil du gouvernement d’Angela Merkel. La police confirme que les premières conclusions avaient été hâtives : il n’y a quasiment pas de Syriens impliqués dans les violences.
La plupart des agresseurs identifiés sont d’origine nord-africaine. Il s’agit, dans la plupart des cas, de personnes qui sont arrivées en Allemagne depuis peu de temps, a confirmé Holger Münch, le chef de la police fédérale allemande, au quotidien Süddeutsche Zeitung. Ce haut fonctionnaire établit un lien entre la vague sans précédent de migrants arrivés en Allemagne en 2015 et les violences de la nuit du Nouvel An.
La police profite aussi de la rédaction de ce rapport pour contredire le ministre de la Justice, Heiko Maas, qui avait évoqué la piste de la “criminalité organisée” début janvier. Pour les auteurs du document final, il n’existe pas d’élément permettant de prétendre que les violences avaient été planifiées à l’avance et menées de concert sur tout le territoire.
Manque de preuves
Le principal point noir pour les autorités réside dans les suites judiciaires données à ce drame à résonnance mondiale. Seuls quatre suspects ont été condamnés pour délits sexuels sur les 120 interrogés. À Hambourg, notamment, tous les hommes interpellés ont été relâchés. Les policiers préviennent que la plupart des coupables devraient passer entre les mailles du filet judiciaire. Un bilan faible, alors qu'environ 2 000 personnes sont impliquées dans ces violences, selon le rapport.
Ces maigres résultats sont dus à “l’absence d’images exploitables” et aux descriptions trop imprécises fournies par les victimes des faits, assurent les policiers. Holger Münch profite de cette occasion pour appeler à davantage de moyens pour renforcer la présence policière aux abords des sites sensibles comme les gares. Il plaide également pour augmenter le nombre de caméras de surveillance.