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Il était persuadé bien avant le début de la compétition que la Seleçao pouvait gagner l’Euro. Le sélectionneur portugais Fernando Santos a offert au Portugal le premier titre de son histoire.

Depuis dimanche soir, il est devenu une légende dans son pays. Le sélectionneur portugais Fernando Santos, 61 ans, est le grand artisan de la victoire de la Seleçao sur la France en finale de l’Euro-2016.

Son nom sera à jamais associé au premier titre majeur remporté par le Portugal, lui qui était persuadé bien avant le début de la compétition que sa sélection pouvait gagner l’Euro. "Nous n'allons pas à l’Euro pour faire de la figuration, nous y allons pour gagner", avait-il déclaré en mars.

En demi-finale sans avoir gagné le moindre match en 90 minutes

Connu pour son franc-parler, il a gardé cette foi même après un début de compétition indigne d’un futur champion d’Europe, avec trois matchs nuls et une troisième place dans le groupe de l’Islande, l’Autriche et la Hongrie. Alors que les critiques pleuvaient sur ses joueurs et ses choix tactiques, et que la sélection a été moquée pour s'être hissée jusqu'en demi-finale sans avoir gagné le moindre match en 90 minutes, il est resté confiant. L'homme n'est pas du genre à se laisser dicter ses choix.

Son credo ? Oublié le football flamboyant des années 2000 pratiqué par les artistes Luis Figo et Rui Costa, qui n’a pas permis aux Lusitaniens de remporter le moindre titre. La qualité de jeu importe peu pour le très pragmatique Fernando Santos, car, à ses yeux, seule la victoire compte - il a gagné son premier match officiel par deux buts d’écart contre les Gallois lors de la demi-finale de l’Euro.

Sa stratégie ? Contenir les attaquants adverses, frustrer et démoraliser le camp d’en face en faisant bloc et rester patient avant de le punir en contre. Un schéma de jeu appliqué à la lettre contre les hommes de Didier Deschamps, qui se sont heurtés à une équipe solidaire, parfaitement organisée et très solide défensivement. Les Croates, très séduisants lors du premier tour, avaient subi le même sort que les Bleus en huitièmes de finale, lors des prolongations.

Il commence son mandat par une défaite contre… les Bleus

Surnommé 'O Engenheiro' (l’ingénieur), le très croyant Fernando Santos a réussi le pari insensé de faire renaître un football portugais alors aux abois, lorsqu’il a été nommé en septembre 20014. Étrillée par l’Allemagne lors du Mondial-2014 et éliminée dès le premier tour, la sélection portugaise venait d’être humiliée à domicile par l’Albanie (0-1) en ouverture des qualifications de l’Euro 2016.

Alors que les supporters portugais rêvaient de voir la star planétaire José Mourinho ou son disciple André Villas-Boas succéder à Paulo Bento, c’est lui, l’ancien sélectionneur de la Grèce, qui est désigné. Son équipe avait pourtant été éliminée aux tirs au but contre le Costa Rica en huitièmes de finale du Mondial-2014.

Les dirigeants du football portugais misent sur son image consensuelle et son expérience qui l’a menée à entraîner, dans le passé, les trois grands clubs du pays (Porto, Sporting Lisbonne, Benfica), avant de s’exiler en Grèce dans les années 2000, où il a été élu entraîneur de la décennie après avoir dirigé trois clubs majeurs (AEK, Panathinaikos et PAOK).

Comme un symbole, Fernando Santos avait commencé son mandat par une défaite contre les Bleus, lors d’un match amical qui s’est disputé… au Stade de France. Moins de deux ans plus tard, il est champion d’Europe et toujours invaincu en match officiel, après avoir réussi à modeler une équipe formée d’une star hors-pair comme Cristiano Ronaldo, d’un noyau de joueurs expérimentés et d’une génération de jeunes cracks aux dents longues. Un alliage qu'il a patiemment façonné et qui a permis au Portugal de vaincre sa bête noire française afin de rentrer au pays avec le premier titre de son histoire.