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L'Otan envoie quatre bataillons en Europe de l'Est

Les dirigeants de l'Otan réunis vendredi à Varsovie ont décidé de déployer une force multinationale dans les pays baltes et en Pologne, afin de prévenir toute agression de la Russie, avec laquelle le dialogue est toutefois maintenu.

Voilà une annonce qui ne risque pas d'améliorer les relations entre l’Otan et Moscou. L’Alliance a annoncé, vendredi 8 juillet, l'envoi de quatre bataillons multinationaux en Pologne et dans les pays baltes, commandés par les États-Unis, le Canada, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Il s'agit d'un déploiement destiné à rassurer l'Europe de l'Est, inquiète de la "menace" russe. L'annonce en a été faite par le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, au premier jour d'un sommet à Varsovie.

Cette annonce officialise une décision qui était attendue. Le président américain Barack Obama avait d’ailleurs annoncé un peu plus tôt dans la journée le déploiement de 1 000 soldats américains en Pologne dans le cadre du renforcement du flanc oriental de l'Otan face à la Russie.

Ces soldats "serviront côte à côte avec les soldats polonais", a-t-il déclaré à l'issue d'une rencontre avec le président polonais Andrzej Duda à Varsovie, peu avant l'ouverture d'un sommet de l'Otan, précisant qu'ils se relaieront par rotation dans ce bataillon, tout comme ceux de l'Alliance qui seront basés dans les pays baltes.

Les hôtes polonais du sommet, comme leurs voisins baltes, redoutent en effet de faire les frais de la puissance russe après le précédent ukrainien. L'Otan espère ainsi dissuader toute tentation russe de pousser plus avant ses pions vers son ancienne sphère d'influence. Avec ces bataillons, "une attaque visant un allié se heurtera à des forces venant de toute l'Alliance", a noté vendredi le sécrétaire général, Jens Stoltenberg.

Certes, les quatre bataillons ne pèseraient pas lourd face aux divisions russes si elles franchissaient la frontière. Mais les grands pays de l'Ouest seraient physiquement impliqués et donc incités à riposter, dans la logique même de sécurité collective de l'Otan.

Le Royaume-Uni, le Canada, l'Allemagne et les États-Unis assureront le commandement de ces bataillons et fourniront une bonne partie des troupes.

"La France y participera", a déclaré François Hollande, samedi 9 juillet, au sujet du renforcement de la présence de l'Otan à l'Est. Une compagnie française, soit 150 hommes, sera envoyée en 2017 en Estonie au côté de troupes britanniques, tandis qu'une autre compagnie tricolore sera postée en 2018 en Lituanie avec des soldats allemands.

L'Otan envoie quatre bataillons en Europe de l'Est

Le président russe Vladimir Poutine, qui voit d'un mauvais œil toute présence de l'Otan aux frontières de son pays, accuse de son côté l'Alliance de vouloir entraîner Moscou dans une course "frénétique" aux armements.

"Pour la France, la Russie n’est pas un adversaire, ni une menace"

"Des soldats de l'Otan se trouvent à nos frontières, des avions de l'Otan volent à nos frontières, ce n'est pas nous qui nous approchons des frontières de l'Otan", a relevé son porte-parole Dmitri Peskov avant le sommet.

"L'Otan n'a pas du tout vocation à peser sur les relations que l'Europe doit avoir avec la Russie ; et pour la France, la Russie n'est pas un adversaire, n'est pas une menace", a toutefois déclaré François Hollande, vendredi, devant la presse, à son arrivée au sommet de l’Otan. Pour le président français, la Russie doit être considérée comme "un partenaire".

"Le secrétaire général de l’Otan a lui aussi voulu souligner que l’Otan reste ouverte au dialogue avec la Russie, note par ailleurs l’envoyé spécial de France 24, Gulliver Cragg. Il y a peut-être un sentiment qu’avec ce sommet qui se tient à Varsovie, l’Otan est allée trop loin dans la rhétorique antirusse. Certains officiels cherchent donc désormais à mettre un peu d’eau dans leur vin."

Les principales annonces attendues à Varsovie, dont le coup d'envoi d'un bouclier antimissile de l'Otan, risquent en tout cas une nouvelle fois de faire grincer des dents à Moscou.

La Russie redoute notamment que ce bouclier ne porte atteinte à sa dissuasion nucléaire. Tout comme la Chine, elle a d'ailleurs vivement critiqué l'installation d'un bouclier antimissile américain en Corée du Sud, estimant qu'il allait "porter atteinte à l'équilibre de la région".

Avec AFP