La ministre de l'Intérieur Theresa May figure aujourd'hui en bonne position au Royaume-Uni pour succéder à David Cameron au 10, Downing Street, après le retrait surprise de Boris Johnson, le leader du camp du Brexit. Portrait.
Boris Johnson, l’ex maire de Londres, en se retirant de la course au poste de Premier ministre, a créé la surprise. Après cette décision du leader du camp du Brexit, c'est la ministre de l'Intérieur Theresa May qui figure désormais en bonne position pour succéder à David Cameron.
Au total, quatre autres candidats se sont avancés : le ministre du Travail Stephen Crabb, l'ancien secrétaire d'État à la Défense Liam Fox, la secrétaire d'État à l'Énergie Andrea Leadsom et le ministre de la Justice, Michael Gove. Mais sans Boris Johnson, la situation est assez inédite. Personne ne s’attendait à son retrait. Ce coup de théâtre redistribue complètement les cartes au sein du parti conservateur et laisse entier le suspense sur la façon dont les négociations de sortie de l'Union européenne vont être menées.
Theresa May a le profil pour ressouder le parti. Fidèle à David Cameron, elle s'était ralliée au chef du gouvernement pour défendre le maintien du Royaume-Uni dans l'UE. "Brexit signifie Brexit", a-t-elle martelé. "La campagne a été menée, le vote a eu lieu [...]. Il n'y aura pas de retour en arrière", a-t-elle ajouté comme pour dire aux Brexiters qu'elle comptait respecter leur choix.
Eurosceptique dans l'âme
La candidate, eurosceptique dans l'âme, a pourtant fait le service minimum au côté de Cameron, pour défendre le "remain". Elle soutient l'idée d'une limitation de l'immigration, thème favori des pro-Brexit. Elle a également montré au ministère de l'Intérieur une ligne très ferme, qu'il s'agisse des délinquants, des immigrés clandestins ou des prêcheurs islamistes.
"Notre pays a besoin d'un dirigeant qui soit fort et reconnu pour traverser cette période d'incertitude économique et politique", a-t-elle aussi déclaré. Si Theresa May est élue, elle ne compte pas activer l'article 50, qui régit le divorce avec l'UE, "avant la fin de l'année". La candidate, 59 ans, a reçu le soutien du quotidien Daily Mail qui titre vendredi à sa une : "Il y a le feu dans la maison, et seule Theresa peut l'éteindre".
Cette fille d'un pasteur anglican a commencé sa carrière politique en 1986, après des études de géographie à Oxford et un bref passage à la Banque d'Angleterre. C'est à cette date qu'elle est élue conseillère du district londonien cossu de Merton. Après deux échecs aux législatives, elle est élue en 1997 députée conservatrice dans la circonscription prospère de Maidenhead, dans le Berkshire (sud de l'Angleterre).
"Nasty party"
De 2002 à 2003, elle est la première femme à être secrétaire générale d'un parti conservateur. Elle s'illustre lors d'un discours où elle qualifie les Tories, alors marqués très à droite, de "nasty party" ("parti des méchants"), ce qui lui vaut quelques inimitiés.
De 1999 à 2010, elle occupe différents postes dans le cabinet fantôme des conservateurs alors dans l'opposition. Elle sera ainsi chargée de l'Environnement, de la Famille, de la Culture, du droit des Femmes et du Travail. En 2005, elle prête main forte à David Cameron dans sa conquête du parti.
Lorsqu'il est élu chef du gouvernement en 2010, il la récompense en lui attribuant le portefeuille de ministre de l'Intérieur, un mandat qu'elle conservera lors de la réélection du Premier ministre en 2015.
Coiffure au carré poivre et sel et tenues colorées, Theresa May sait se faire cassante, ce qui lui vaut le surnom de "nouvelle Margaret Thatcher". Le Daily Telegraph qui la désigne comme la femme politique la plus puissante du pays, estime qu'elle "est arrivée au sommet grâce à une détermination féroce".
Avec AFP