
Un triple attentat-suicide a frappé mardi soir le terminal international de l'aéroport Atatürk d'Istanbul, en Turquie. Au moins 41 personnes ont été tuées et 239 autres blessées. Aucune revendication n'a été faite pour l'instant.
Au moins 41 personnes, dont 10 étrangers, ont été tuées et 239 blessées mardi 28 juin au soir dans un triple attentat-suicide à l'aéroport international Atatürk d'Istanbul, le plus meurtrier dans la métropole turque déjà visée trois fois cette année.
Le bilan s'est alourdi mercredi, a annoncé le gouvernorat d'Istanbul. Cent-trente blessés sont toujours traités dans des hôpitaux de la ville, a indiqué un communiqué officiel, précisant que parmi les morts se trouvent 13 ressortissants étrangers, dont trois ayant également la nationalité turque. Un précédent bilan officiel avait fait état de 36 morts.
Le Premier ministre Binali Yildirim, sur les lieux de l'attaque, a indiqué que "les indices pointaient Daech" (autre nom du groupe État islamique). Si l'attaque n'a pas été revendiquée, le mode opératoire fait penser à l'attaque terroriste dans l'aéroport de Bruxelles, en mars dernier.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rapidement exhorté la communauté internationale à une "lutte commune" contre le terrorisme, dans un communiqué. "Cette attaque, qui s'est déroulée pendant le mois du ramadan, montre que le terrorisme frappe sans considération de foi ni de valeurs", a déclaré le chef de l'État.
Énorme boule de feu
Selon les autorités, des explosions ont d'abord eu lieu à l'entrée du terminal des vols internationaux vers 22 h (19 h GMT). Trois assaillants ont mitraillé des passagers ainsi que des policiers en faction, une fusillade a alors éclaté puis les kamikazes se sont fait exploser.
Un grand mouvement de panique s'est emparé du terminal des vols internationaux lorsque deux violentes explosions et des coups de feu ont été entendus. La télévision turque a diffusé des images sur lesquelles on voit un policier tirer sur un assaillant puis celui-ci, blessé, tomber au sol en actionnant sa charge.
Des photos et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une énorme boule de feu à l'entrée du terminal et des membres de la sécurité en train de faire évacuer des passagers qui hurlaient dans des couloirs, pris de panique. On voyait aussi des passagers gisant au sol. Des centaines de policiers et pompiers étaient sur place.
"J'attendais mon vol pour Tokyo et soudain plein de gens se sont enfuis et je les ai suivis. J'ai entendu des coups de feu et c'était la panique", a expliqué à l'AFP une Japonaise, présente à l'aéroport. Une autre femme a raconté à l'AFP avoir vu l'un des assaillants : "Il avait une écharpe rose, une veste courte et avait caché un fusil (dessous). Il l'a sorti et a commencé à tirer sur les gens. Il marchait comme un prophète".
L'aéroport Atatürk, un lieu symbolique
Tous les vols ont été suspendus au départ d'Atatürk, le plus grand aéroport de Turquie et le 11e dans le monde. Puis le trafic aérien a pu reprendre à partir de 3 h locales mercredi. "Le trafic a été complètement interrompu à cause des opérations policières puis les premiers vols ont pu décoller et atterrir cette nuit, à partir de 3h30. Mais ce matin, peu de bus, peu de taxi… Peu de touristes ont décidé de retourner à l’aéroport Atatürk d’Istanbul", précise Quentin Raverdy, correspondant de France 24 à Istanbul.
En frappant l’aéroport d’Atatürk, les terroristes s'en sont pris à un lieu symbolique qui bénéficait par ailleurs d'une haute sécurité : "Atatürk est le principal aéroport du pays. C’est aussi une place forte sécuritaire depuis les derniers attentats qui ont frappé la Turquie. Le niveau de sécurité avait été largement renforcé, avec plus d’hommes en civil, plus de policiers, plus de contrôles pour protéger les 60 millions de passagers qui transitent chaque année par là", ajoute Quentin Raverdy.

Rebelles kurdes ou jihadistes
Le président français François Hollande a "condamné fermement" un "acte abominable" tout en appelant lui aussi à un renforcement de la coopération internationale en matière de lutte antiterrorisme. À Washington, un porte-parole de la Maison blanche a condamné ces attaques "abominables" tout en promettant le soutien des États-Unis à Ankara. Le sécrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a "condamné l'attaque terroriste" et a lui aussi réclamé une coopération internationale accrue.

Istanbul et Ankara ont été secouées depuis l'an dernier par une série d'attentats qui ont fait près de 200 morts, des centaines de blessés et créé un climat de forte insécurité. Istanbul avait déja été visée en janvier (12 touristes allemands tués, attaque imputée à l'EI), en mars (4 touristes tués - trois Israéliens et un Iranien - attribuée aussi à l'EI) et début juin (11 morts dont six policiers, revendiquée par les combattants kurdes).
Les attentats en Turquie ont visé d'autres lieux touristiques emblématiques - provoquant une chute immédiate du tourisme - ou les forces de sécurité turques. Ils ont été attribués soit à l'EI, qui n'en a jamais revendiqué aucun, ou aux rebelles kurdes, notamment aux TAK, une émanation du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
Avec AFP