
Ce n'est pas la première fois que le laxisme de Twitter en matière de modération est dénoncé. Malgré la mise en place de comptes "signalant prioritaire", de nombreux contenus homophobes sont toujours en ligne. Une lettre ouverte déplore la situation.
Dans une lettre ouverte adressée à "Monsieur le DG de Twitter France", le maire adjoint du XIIe arrondissement de Paris Jean-Luc Romero-Michel et le président de l'Inter-LGBT Jérôme Beaugé se demandent si le réseau social est "LGBTphobe".
"Combien de fois nous vous avons alerté sur la réalité des LGBTphobies, que vous pouvez vous-même constater, sur Twitter ? Combien de fois nous vous avons transmis des injures et autres menaces de mort dont nous sommes victimes comme des milliers d'autres ? Combien de fois nous vous avons informé des conséquences dramatiques de cette homophobie, de cette lesbophobie, de cette biphobie, de cette transphobie ?", s'agacent les deux signataires.
"Nous vous avons transmis les menaces de mort dont nous sommes victimes"
Ils poursuivent : "Face à cela, votre réponse fut en tout point fort construite et explicite : le silence et le mutisme. Sans doute pensez-vous que le silence est d'or. De notre côté, militants de la lutte pour la promotion des droits humains, nous pensons que le silence est méprisant. Le vôtre l'est. Pire, il est dangereux."
Des comptes clairement homophobes
En cause, certains comptes dont l'homophobie des propos ne fait pas l'ombre d'un doute. "Comment comprendre que vous laissiez agir un compte dont le nom est "antigayPD"?" (suspendu entre temps), s'interrogent les auteurs de la lettre.
3 mois de prison avec sursis pour celui qui m'a menacé de mort & proféré des injures homophobes. Même sur @twitter les lois s'appliquent 1/2
— Jean-Luc Romero (@JeanLucRomero) 31 mars 2016
Car c'est bien "l'inaction" de Twitter qui lui est reproché. Pour les cosignataires, il est urgent que le réseau social, par ailleurs "formidable outil de communication, de transmission, d'information", bénéficie d'une solide politique de modération de son contenu. La requête ne date pas d'hier.
Le statut de "signalant prioritaire"
En effet, SOS Racisme, l’UEJF et SOS Homophobie ont déjà déposé devant le tribunal de grande instance de Paris un référé à l’encontre de Twitter, mais aussi Facebook et YouTube. En cause : leur silence et leur laxisme après que le signalement de messages pourtant gravement discriminatoires.
Il faut dire que ces géants du web demeurent assez peu loquaces en ce qui concerne leurs politiques de modération. Fonctionnent-t-elles en temps réel ? Une équipe est-elle réellement dédiée à scanner le contenu de messages qui transitent sur les plateformes ? Un lagorithme permet-il d'identifier les mots-clés sensibles ?
Interrogé par Mashable FR, un responsable des politiques de communication de Twitter rappelle qu'il est interdit aux utilisateurs "de faire la promotion de la violence ou d'attaquer directement des personnes sur la base de leurs origines, couleurs de peau, orientation sexuelle, genre, appartenance religieuse, âge, handicap et maladie" et que tout compte enfreignant ce réglement sera supprimé.
Twitter travaille avec des experts chargés d'assurer un dispositif de sécurité sur le réseau social. Ainsi, certains comptes – à l'instar de SOS Homophobie – disposent d'un statut privilégié de "signalant prioritaire". Problème : malgré les bonnes intentions de ce système, seuls 4% des contenus signalés ont été retirés.
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