Quelques heures après l'attentat-suicide qui a tué mardi six soldats jordaniens à la frontière syro-jordanienne, Amman a annoncé la fermeture de ses frontières avec la Syrie et l'Irak, les décrétant "zones militaires fermées".
Amman a décrété que ses frontières avec la Syrie et l'Irak étaient désormais des zones militaires fermées. Une décision en réaction à l'attentat-suicide à la voiture piégée perpétré mardi 21 juin à la frontière syro-jordanienne, et qui a coûté la vie à six militaires jordaniens.
L'armée n'a pas explicitement dit si cette mesure signifiait une fermeture de la frontière aux Syriens qui fuient par dizaines de milliers leur pays en guerre via les deux seuls points de passage encore ouverts et contrôlés fermement par les militaires jordaniens.
Interrogé par l'AFP, le porte-parole du gouvernement, Mohamed Momani, a précisé que cette décision ne concernait pas "les cas humanitaires qui seront traités selon la situation sur le terrain et l'appréciation de nos forces armées", en allusion aux réfugiés.
L'attentat n'a pas été revendiqué
La mesure a été annoncée quelques heures après que le roi Abdallah II, qui s'est rendu au QG de l'armée à Amman, a promis de "frapper avec une main de fer quiconque tentera de porter atteinte à la sécurité du pays ou de ses frontières".
L'attentat, qui n'a pas été revendiqué, s'est produit dans le nord-est de la Jordanie, dans un no man's land formé par le triangle où se rejoignent les frontières du royaume avec la Syrie et l'Irak. Plus de 60 000 Syriens souhaitant se réfugier en Jordanie, y sont massés, selon les derniers chiffres officiels jordaniens. La voiture piégée conduite par un kamikaze est partie du camp de fortune de réfugiés syriens, avant de passer par une ouverture, dans une barrière de terre séparant le camp et la première position de l'armée dans la région de Rokbane, a indiqué l'armée dans un communiqué.
Le conducteur a fait exploser son véhicule au niveau de la "position militaire avancée". Quatre gardes-frontières, un membre des services de sécurité et un agent de la protection civile ont péri alors que 14 militaire ont été blessés, a-t-elle précisé.
La Jordanie inquiète de l'infiltration de jihadiste dans le flux de réfugiés
Ce genre d'attentats est rare en Jordanie. Le pays participe depuis 2014 à la coalition internationale conduite par les États-Unis contre les jihadistes de l'organisation État islamique (EI), implanté en Syrie et en Irak. Le royaume a en outre mis ses bases aériennes à la disposition des États-Unis et la France pour lutter contre l'EI.
Malgré la guerre qui ravage la Syrie depuis plus de cinq ans et l'instabilité sécuritaire et politique en Irak, la Jordanie était restée jusque-là relativement épargnée par les violences et insiste sur sa neutralité.
L'attentat accentue les inquiétudes d'Amman qui exprime régulièrement des craintes de voir les jihadistes s'infiltrer depuis la Syrie, notamment en se fondant aux réfugiés syriens accueillis dans le pays.
Après l'attentat de mardi, le gouvernement a annoncé qu'il envisageait des "mesures souveraines". "Il n'y aura pas d'installation de nouveaux camps de réfugiés dans le royaume ni d'extension des camps déjà existants", a dit Mohamed Momani. Le HCR avait pourtant récemment exhorté les autorités jordaniennes à "cesser de bloquer les gens dans les zones frontalières" et à "les transférer rapidement vers des centres de transit".
La Jordanie accueille plus de 600 000 réfugiés syriens selon les chiffres de l'ONU, 1,4 million selon les autorités. Près de 2 000 Syriens parmi les réfugiés sont soupçonnés de collaborer avec l'EI, a prévenu en mai le chef des gardes-frontières, le général Saber Al-Mahayra, ajoutant que des armes et des munitions avaient été saisies auprès de réfugiés.
Avec AFP