![Un algorithme pourrait scanner les réseaux sociaux et prédire les attaques terroristes Un algorithme pourrait scanner les réseaux sociaux et prédire les attaques terroristes](/data/posts/2022/07/21/1658410139_Un-algorithme-pourrait-scanner-les-reseaux-sociaux-et-predire-les-attaques-terroristes.jpg)
Un groupe de chercheurs a développé un algorithme permettant d'étudier comment les candidats au jihad se rencontrent sur les réseaux sociaux et s'associent. Ces prédictions pourraient être utiles à la lutte contre le terrorisme.
Comment les terroristes s'organisent-ils sur Internet ? Comment se rencontrent-ils, se coordonnent-ils et planifient-ils leurs actions ?
En partant du constat que les réseaux sociaux permettent aujourd'hui à n'importe qui de se rapprocher de ses pairs puis de créer une communauté, une équipe de chercheurs a élaboré un algorithme capable d'analyser ces dangereuses interactions.
Un logiciel pour repérer les dynamiques de fusion de comptes
Garder un œil sur la manière dont ces réseaux d'aspirants terroristes se forment pourrait permettre d'anticiper les attaques. Neil Johnson, de l'université de Miami, et son équipe ont décortiqué le réseau social russe VKontakte, qui réunit environ 360 millions d'utilisateurs partout dans le monde. Ils ont ensuite manuellement repéré 196 comptes favorables à l'organisation État islamique, autour desquels gravitent 108 086 internautes.
Algorithme prédictif
Les chercheurs se sont aperçus que le nombre d'internautes gravitant autour de ces comptes pro-organisation État islamique n'a fait qu'augmenter de jour en jour. Autre constat : le développement de gros comptes est souvent aidé par l'agrégation de plus petits comptes.
Pendant six mois, l'équipe a tracé les mouvements et les comportements quotidiens de ce faisceau de comptes. Avec la data obtenue, ils ont mis au point un algorithme prédictif.
Repérer les petits comptes avant qu'ils ne fusionnent
Des conclusions liées au développement de ces comptes n'ont pas tardé à s'imposer – et elles pourraient être utiles à la lutte antiterroriste. Par exemple, il apparaît qu'il est plus simple de repérer les groupuscules que les individus isolés ("lesquels sont très nombreux et donc difficiles à identifier", fait remarquer le MIT Technology Review), mais aussi qu'il est plus efficace de repérer les petits comptes... avant que ceux-ci ne fusionnent entre eux pour devenir de gros profils.
Pour résumer : la lutte contre le terrorisme ne devrait pas se contenter d'analyser les plus gros profils, puisqu'étudier les petits comptes actifs avant qu'ils ne se regroupent apporterait plus d'informations.
L'actualité précipite le recrutement en ligne
L'algorithme montre également que la fusion de ces comptes a tendance à s'accélér à la suite d'événements importants, comme par exemple l'attaque de l'organisation État islamique en 2014 à Kobane, en Syrie.
"On pourrait imaginer un logiciel qui scanne automatiquement les réseaux sociaux sur la Toile... Il permettrait de repérer les dynamiques de fusion entre les comptes, création de nouveaux profils et popularité de ceux-là. Puis de donner l'alerte en cas d'étrange et soudaine recrudescence d'interactions", s'est réjoui Jonhson. Un espoir à relativiser, selon Andrew Gelman, professeur de statistiques et de politiques à l'université de Colombia : "En théorie, la modélisation apporte bien entendu des clés pour comprendre un phénomène", a-t-il concédé en estimant toutefois qu'il ne fallait pas oublier l'importance de l'analyse des comportements en eux-mêmes.
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