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"Quel gâchis tragique"

Au menu de cette revue de presse, l'émotion des Britanniques au lendemain du meurtre de la députée Jo Cox. La presse est à l'unisson pour dénoncer les dérapages de la campagne sur le Brexit et la rhétorique de la violence qui s'est installée.

Après le meurtre de Jo Cox, la députée britannique favorable au maintien du Royaume-Uni dans l’Europe, toute la presse laisse éclater en une son émotion. Le Guardian titre sur cette phrase que de son mari Brendan Cox a écrite sur Twitter en guise d'épitaphe : "Elle croyait en un monde meilleur et s’est battue pour cela chaque jour de sa vie". Le Daily Mail, tabloïd pourtant conservateur, s'exclame en couverture : "Quel gâchis tragique". Mais qui est Thomas Mair, le suspect présumé, s’interroge The Independent? Il serait membre depuis au moins 10 ans du Springbok Club, un groupe de droite ultra radicale qui a défendu la suprématie blanche pendant l’apartheid en Afrique du Sud et qui prône la sortie du Royaume-Uni de l’Europe.

Le Spectator, journal de droite pro-Brexit, dénonce la violence de la campagne et pointe du doigt la responsabilité de la classe politique britannique. Si les politiques ne sont pas directement responsables du meurtre de Jo Cox, ils ont du moins encouragé des dérapages dans leurs discours, estime l'hebdomadaire.

Une rhétorique de la violence induite par des mots, mais aussi des images. L’assassinat de Jo Cox a coïncidé avec le dévoilement, quelques heures plus tôt, d’une affiche choc de l’équipe de Nigel Farage, le leader du parti indépendantiste UKIP, en faveur du Brexit. Le journal The Independent publie cette image. On y voit une foule compacte de migrants engagés sur une même route, surplombés de ce titre inscrit en grosses majuscules rouges : "Breaking Point" (point de rupture). Puis cette légende : "L'Union européenne nous a trahis". Le journal britannique se fait l'écho des critiques sui visent actuellement Nigel Farage, accusé d’avoir déployé en faveur du Brexit une propagande digne de celle des nazis envers les juifs pendant la Seconde Guerre mondiale… Et Steve Bell, dans le Guardian, de détourner son affiche de campagne dans un dessin dans lequel l'expression "Breaking Point" est devenue "Hating Point"…