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Tuerie de Magnanville : hommage national aux deux policiers tués

Une minute de silence a été observée mercredi dans les commissariats de France en hommage à Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, un couple de policiers assassiné lundi soir à son domicile par un terroriste de 25 ans.

Après l’horreur, vient le temps de la tristesse et du recueillement. Depuis mardi 14 juin, des milliers de messages de condoléances affluent de toute part sur les réseaux sociaux pour saluer la mémoire de Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, et sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, lardés de coups de couteaux par Larossi Abballa, 25 ans, à leur domicile de l’allée des Perdrix à Magnanville, dans les Yvelines.

Depuis mardi, les drapeaux des édifices du ministère de l’Intérieur sont en berne. Une minute de silence a été observée mercredi à l’hôtel de la place Beauvau en présence de François Hollande et dans tous les commissariats du pays. Au même moment, plusieurs centaines de personnes se sont spontanément rassemblées à Magnanville, non loin du domicile du couple, déposant gerbes et bouquets de fleurs en hommage aux deux victimes.

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Tuerie de Magnanville : hommage national aux deux policiers tués

Un temps de deuil pour se souvenir d’un couple apprécié de tous. Jean-Baptiste Salvaing, qui semble avoir été soigneusement choisi par le tueur pour ses "qualités de policier", selon le procureur de la République de Paris François Molins, faisait l’unanimité auprès de tous ses collègues. "C'était un très bon enquêteur qui avait d’excellents états de services, un très bon procédurier et un bon manager d’équipe, avec une très bonne mentalité", souligne, dans l'Obs, Sabrina Rigolet, secrétaire nationale du syndicat des cadres de la sécurité intérieure SCSI-CFDT, avec qui il partageait une activité syndicale. "Il était reconnu de sa hiérarchie, il faisait partie des très bons officiers du département."

"Courage et dévouement"

Celui que ses collègues aimaient surnommer "Jibé" ou "Kiki" – en référence à la peluche éponyme, pour son visage rieur et sympathique – était aussi apprécié pour ses qualités humaines. "C'était la gentillesse incarnée, loin de l'image du type qui joue au shérif dans son quartier, se souvient, dans les colonnes du Parisien, un officier qui l'a côtoyé. Il donnait de son temps pour les autres à travers une amicale policière. C'était un mec bienveillant tout simplement".

Le policier fait ses premières armes dans le commissariat de Pézenas, village de l’Hérault dont il est originaire. Mais c’est dans les Yvelines que le policier passe l’essentiel de sa carrière. Il garde néanmoins de ses origines sudistes une solide passion pour le rugby, transmise par son père, médecin et ancien président du club de sa ville natale. Jovial, souriant, ce policier se distingue surtout par son courage. Le policier est décoré à deux reprises. Une première fois en 2005, lors des émeutes aux cours desquelles il fait "acte de courage et dévouement". Puis en 2008, après être intervenu lors de l'agression d'une jeune femme alors qu’il n’était pas en service. Ce même courage ne le quittera pas à quelques minutes de la mort. Après avoir reçu les premiers coups de couteau, le policier pense encore à mettre ses voisins hors de danger. "Il a tenu à alerter le voisinage du danger qu'il courait, en invitant les riverains à fuir et à prévenir ses collègues", révèle la note du service de nuit de la police des Yvelines dont Le Figaro a eu connaissance.

Jessica, une femme joyeuse et engagée

C’est en 2000 que le lieutenant-stagiaire, fraîchement affecté au commissariat de Mantes-la-Jolie (Yvelines), fait la connaissance de Jessica Schneider. Cette secrétaire administrative laisse le souvenir d'une "collègue qui mettait du lien entre les gens", raconte l’employée d'un restaurant où "Jess" avait l'habitude d'organiser "les repas de brigade". Et de poursuivre, "elle veillait à tout, du menu au plan de table, en passant par le budget, avec un caractère qui forçait le respect de ses collègues. C'était aussi un vrai boute-en-train, capable de mettre une ambiance de feu et d'inviter une centaine de ses collègues à danser, jusque sur le trottoir, sur l'air de la Salsa du démon".

Le couple habitait à Magnanville depuis cinq ans et était investi dans la commune. "Nous étions souvent en relation concernant la vie associative et sportive. Notamment avec elle", confie Michel Lebouc, maire divers gauche de la ville. Jessica Schneider était également impliquée dans la vie de l’école de son fils.

Le couple défunt laisse derrière lui un garçonnet de 3 ans et demi, épargné par le tueur mais retrouvé en état de sidération par les secours. Ce garçonnet sera reconnu pupille de la Nation, a déclaré François Hollande, tout comme l'autre enfant que Jean-Baptiste Salvaing a eu d'une précédente union.