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L’OM approché par un fonds iranien : "C'est un club mythique dans le pays"

L’hebdomadaire France Football confirme à France 24 que le club de football marseillais est dans la ligne de mire d’un fonds d’investissement iranien. La nouvelle suscite l'enthousiasme dans un pays passionné de football.

L’avenir de l'Olympique de Marseille serait-t-il entre des mains iraniennes ? Un "fonds d'investissement iranien" a formulé une offre jugée "extrêmement solide" pour le rachat du club de football de Ligue 1, annonce l’hebdomadaire France Football mardi 6 juin, s’appuyant sur plusieurs sources internes au club.

"Le club serait en train de vérifier très minutieusement le sérieux de l’investisseur et, pour l’heure, le dossier serait jugé en interne comme 'extrêmement solide', en précisant bien qu’il ne s’agit pas de l’État iranien mais bel et bien d’un fonds d’investissement", expliquent Nabil Djellit et Dave Appadoo, journalistes de France Football, qui ajoutent : "La société acquéreuse qui a été enregistrée au Luxembourg fin mai sera emmenée par Iran Air [la compagnie aérienne nationale iranienne, NDLR]". Aux dires des deux journalistes, Bernard Laporte, ex-secrétaire d'État aux Sports, a joué les intermédiaires.

Selon ces mêmes sources, les investisseurs iraniens proposent de racheter ce club emblématique de la cité phocéenne pour 100 millions d'euros, et tablent sur un budget prévisionnel de 500 à 600 millions d'euros

Si l’offre iranienne est acceptée, ce serait une première, indique Mehdi Rostampoor, journaliste sportif iranien contacté par France 24. "L’OM est considéré en Iran comme une équipe mythique. Même si la plupart des Iraniens soutiennent aujourd’hui le Paris Saint-Germain, le club a eu son lots de fans dans les années 90, à l’époque de Bernard Tapie", affirme-t-il.

Du foot... et de la géopolitique

"Les Iraniens et le foot, c’est une longue histoire", poursuit le journaliste. Plusieurs personnalités de la diaspora iranienne ont déjà investi dans des clubs européens, notamment le milliardaire irano-britannique Farhad Moshiri, qui a racheté le club anglais d’Everton en 2016. On peut citer également Esfandiar Bakhtiar, le neveu du célèbre Premier ministre iranien Chapour Bakhtiar, assassiné en France en 1991. Cet homme d’affaire irano-suisse s’est offert le club français d’Evian-Thonon-Gaillard.

À la différence de ces investissements, iraniens certes, mais privés, l’implication d’un fonds iranien dans le financement d’un club de foot européen revêtirait une dimension politique inédite. La plupart de ces fonds sont directement liés aux Gardiens de la Révolution, corps d’élite proche du pouvoir et très présent dans l’économie iranienne. Si bien que le rachat d’un club de football populaire en France constituerait un placement géopolitique sur l’Hexagone pour un Iran en pleine ouverture diplomatique, depuis l’accord sur le nucléaire iranien signé en juillet 2015.

Transferts de fonds par un pays tiers

Reste que si l’embargo français sur les échanges commerciaux avec l'Iran a été levé, les transferts d’argents avec Téhéran demeurent très compliqués, très peu de banques assurent des flux financiers entre les deux pays. Si un fonds iranien rachète le club marseillais, les transactions financières devront se faire via un pays tiers, comme Dubaï ou le Luxembourg. D’où la nécessité pour l'actionnaire majoritaire du club phocéen d’étudier la solvabilité des ses acquéreurs venus de Téhéran avant de prendre toute décision.

D’autre part, d’après certains spécialistes, l'actuelle propriétaire du club, Margarita Louis-Dreyfus, veuve de l'actionnaire majoritaire, aurait plutôt intérêt à se tourner vers la Chine ou la Russie, afin de consolider les liens commerciaux de son empire financier déjà tourné vers ces deux pays. Successivement approchée par le banquier italien Pablo Dana, qui représente les intérêts d’investisseurs venus de Dubaï, ou encore de mystérieux investisseurs chinois, elle ne serait toutefois pas attirée par des investissements trop "exotiques", indiquent ces experts.

Sans compter qu’il faudra faire accepter la nationalité du nouvel acquéreur aux Marseillais et selon la presse locale, le maire de la ville, Jean-Claude Gaudin, n’y serait pas favorable. Pour Mehdi Rostampoor, le club marseillais aurait pourtant tout à y gagner. "Si des Iraniens rachètent l’OM, tout l’Iran sera derrière le club : plus de 70 millions de supporters, ça ne se refuse pas !"