logo

Le parquet de Paris a requis 10 ans de prison, soit la peine maximale encourue, à l'encontre de quatre jihadistes présumés de la filière dite "de Strasbourg". L'un d'eux est le frère de l'un des kamikazes du Bataclan.

Le procureur a requis, lundi 6 juin, dix années de détention, la peine maximale, contre quatre Strasbourgeois, dont le frère de Foued Mohamed-Aggad, l’un des kamikazes du Bataclan, jugés pour avoir passé environ trois mois en Syrie, entre fin décembre 2013 et avril 2014.

Contre trois autres prévenus, également poursuivis pour association de malfaiteurs en vue de commettre des actes de terrorisme, mais ayant passé moins de temps en Syrie, il a demandé huit ans. Le procureur a justifié ces lourdes réquisitions, à chaque fois assorties de la demande d'une peine de sûreté des deux tiers, par le fait que tous avaient "été au front".

"Ce sont des peines lourdes qui sont requises, j'en ai bien conscience", a déclaré le procureur Nicolas Le Bris. Mais "ce sont des faits extrêmement graves" qui sont jugés, a-t-il estimé. "On a des gens, et ça ressort des écoutes, qui ont été au front."

Ce groupe d'Alsaciens, âgés de 24 à 27 ans, a rejoint la Syrie fin 2013 via la Turquie avec l'aide du "recruteur" présumé Mourad Fares, avant de rentrer en France en ordre dispersé début 2014.

Départ programmé

Tous reconnaissent s'être rendus en Syrie, mais contestent avoir voulu y mener le jihad armé, et disent avoir été piégés. Certains assurent que ce voyage avait "un but d'humanité", et visait à "aider leurs frères Syriens". D'autres, comme Karim Mohamed Aggad, disent avoir eu pour seule intention de combattre le régime de Bachar al-Assad.

Une ligne de défense qui n'a pas convaincu le procureur. "Ce départ, programmé, a bien une connotation religieuse", a-t-il estimé lundi, citant notamment des écoutes téléphoniques en ce sens et des documents "jihadistes" retrouvés dans les ordinateurs et téléphones des prévenus. Pour lui, pas de doute, ces individus étaient "déterminés à partir rejoindre un groupe jihadiste", et sur place, ils se sont "parfaitement adaptés".

De cette petite bande d'amis - 10 à l'origine, dont deux sont morts sur place -, seul Foued Mohamed Aggad, le plus jeune, est resté en Syrie. Avant de réapparaître, le 13 novembre 2015, au sein de l'équipée sanglante qui fera 90 morts dans la salle de spectacle parisienne du Bataclan. Au premier jour des débats, Karim Mohamed Aggad avait demandé un "procès équitable", sans "amalgame". "On choisit ses amis, pas sa famille", avait-il dit. "On n'a aucune part de responsabilité dans ce qui s'est passé. Mon frère a fait ce qu'il a fait, ça n'engage que lui."

Avec AFP et Reuters