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Alep pilonnée, l’ONU demande l’autorisation de larguer par avion l’aide humanitaire

Des raids aériens menés sur Alep ont tué au moins 38 civils vendredi. Devant l'urgence humanitaire, le Conseil de sécurité de l'ONU va demander l'autorisation de Damas pour larguer de l'aide humanitaire aux habitants assiégés en Syrie.

L’enfer. Les habitants d’Alep ont vécu des bombardements d’une "folle intensité" vendredi 3 juin, rapporte un correspondant de l’AFP. Les raids incessants menés sur la ville syrienne ont tué au moins 38 civils. Dans le même temps, l'ONU va demander, dans les 48 heures, un feu vert de la Syrie pour pouvoir larguer de l'aide humanitaire aux centaines de milliers de personnes assiégées dans le pays.

"Totalement assiégés"

La défense civile de ces quartiers a indiqué que 28 civils avaient été tués par les barils d'explosifs, cette arme destructrice dénoncée par les ONG. Quelque 10 autres ont péri lorsque les avions du régime ont pris pour cible un bus qui circulait sur la route du Castello, le seul axe permettant un contact avec l'extérieur pour les zones d'Alep tenues par les rebelles, toujours selon la défense civile.

"La route du Castello est de facto coupée car tout mouvement est visé, que ce soit celui des bus ou des passants", a expliqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources dans la Syrie en guerre. "Cela veut dire que les quartiers rebelles sont devenus totalement assiégés". Selon lui, le régime veut non seulement terroriser les habitants pour "les empêcher de bouger" mais également leur montrer "que leur seule porte de sortie, ce sont les quartiers sous son contrôle". L'ancienne capitale économique de la Syrie est divisée entre des quartiers tenus par les rebelles à l'est et des quartiers contrôlés par les forces gouvernementales à l'ouest.

Une trêve instaurée le 27 février par la Russie et les États-Unis a été violée à plusieurs reprises et près de 300 civils avaient péri à Alep dans des bombardements en avril. Le cessez-le-feu a été reconduit maintes fois mais les violences se sont poursuivies.

Opération de largage complexe

Cette escalade de la violence à Alep intervient alors que le Conseil de sécurité s'est réuni vendredi à New York pour trouver les moyens de venir en aide aux Syriens. Lors de cette réunion tenue à huis clos, l'ONU a annoncé qu'elle allait demander dimanche un feu vert de la Syrie pour pouvoir larguer de l'aide humanitaire aux centaines de milliers de personnes assiégées dans le pays, ont rapporté vendredi des diplomates. Le patron des opérations humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien, a affirmé que cette autorisation était nécessaire.

L'envoyé spécial adjoint de l'ONU pour la Syrie, Ramzy Ezzeldin Ramzy, a, en outre, affirmé que les largages d'aides n'étaient pas "imminents", vu la complexité de l'opération et la nécessité d'avoir le feu vert du régime. Dans un pays où la guerre a fait 280 000 morts depuis plus de cinq ans et jeté hors de leurs foyers des millions de personnes, la difficulté des largages est d'autant plus grande que le ciel est encombré par les avions russes, syriens et de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.

La France, qui préside le Conseil de sécurité au mois de juin, a pour sa part exhorté vendredi la Russie à faire pression sur son allié syrien pour faciliter l'accès de l'aide humanitaire."La priorité absolue est d'amener ceux qui ont de l'influence sur Damas, à commencer par la Russie, de fortement augmenter leur pression sur le régime", a déclaré le représentant français à l'ONU, François Delattre.

Ce sont près de 600 000 personnes, selon l'ONU, qui vivent dans 19 zones ou localités encerclées par les belligérants, principalement par les troupes du régime, et près de quatre millions dans des zones difficiles d'accès. Nombre d'entre eux souffrent de malnutrition.

Avec AFP