La grève contre la Loi travail a perturbé le trafic SNCF mercredi, où seulement 40 % des Transiliens, le tiers des Intercités, la moitié des TER et six TGV sur dix ont circulé, selon la SNCF. Le mouvement est reconduit pour jeudi.
À neuf jours du début de l'Euro, et après trois mois de fronde contre la Loi travail, une grève reconductible a perturbé significativement le trafic SNCF mercredi 1er juin, à l'appel de trois syndicats, dont la CGT et Sud qui lient des revendications internes au retrait du projet de loi travail.
Alors que d'autres turbulences s'annoncent dans les transports et que des grèves persistent dans les raffineries, le Premier ministre Manuel Valls a évoqué mercredi son "sentiment de gâchis" concernant l'impact économique du conflit social sur le projet de loi contesté.
À la SNCF, la grève lancée mardi soir est la huitième depuis début mars mais la première à durée illimitée. Les perturbations étaient relativement importantes : seulement 40 % des Transiliens, le tiers des Intercités, la moitié des TER en circulation et six TGV sur dix étaient assurés, selon la SNCF.
L'entreprise recensait 17 % de grévistes, tous personnels confondus, Sud-rail a dénombré "plus d'un cheminot sur deux" en grève. Le mouvement a été reconduit pour jeudi par toutes les assemblées générales de grévistes, ont annoncé mercredi soir la CGT-Cheminots et SUD-rail. La direction ne communiquera que jeudi matin ses prévisions de trafic.
En pointe depuis mars de la mobilisation contre la réforme du travail, le patron de la CGT, Philippe Martinez, a assuré qu'il n'était "pas question de bloquer l'Euro" mais a accusé l'exécutif de refuser le dialogue. Il promet cette semaine "la plus forte mobilisation depuis trois mois".
"Reculer serait une faute politique"
Le gouvernement, lui, entend "tenir sur le fond" du projet de Loi travail. "Reculer serait une faute politique", a martelé Manuel Valls. Faire marche arrière serait faire preuve de "courage politique", a rétorqué François Hommeril, devenu mercredi président de la CFE-CGC.
L'exécutif a bien tenté de déminer le conflit dans le rail en imposant à la SNCF, transporteur officiel de l'Euro, des concessions sur la future organisation du travail des cheminots. Mais seule la CFDT a levé in extremis son préavis. L'Unsa l'a maintenu jusqu'à présent, dans l'attente d'un projet d'accord formalisé.
Les négociations menées à la SNCF pour rendre l'organisation du travail plus flexible sont entrées dans leur phase finale. Une dernière réunion est prévue lundi.
Pour les syndicats, il est vital de réduire l'écart entre ce projet de convention et la future réglementation SNCF. Sinon, la porte sera ouverte à du dumping social.
Dans les transports publics parisiens, la CGT a appelé à partir de jeudi à une grève illimitée pour des questions salariales et contre le projet de Loi travail. La RATP n'anticipe que de légères perturbations.
Le climat social de plus en plus alourdi
Le gouvernement pourrait aussi affronter un conflit dur dans le ciel en fin de semaine, presque tous les syndicats de l'aviation civile appelant à la grève de vendredi à dimanche pour demander, notamment, l'arrêt des baisses d'effectifs. Pour l'éviter, les négociations se sont poursuivies mercredi. Le principal syndicat de contrôleurs aériens (SNCTA) a d’ailleurs fini par lever son préavis de grève du 3 au 5 juin.
À Air France, qui a annulé 10 % des vols à Orly et Lille en prévision des perturbations, la menace d'une grève des pilotes en juin s'est précisée, avec un préavis déposé par le Spaf (deuxième syndicat) à compter du 11 juin. Le SNPL (majoritaire) doit, lui, se prononcer dans la semaine.
En dehors de ces revendications d'entreprises, le climat social reste alourdi par la contestation contre la Loi travail, avec de vives passes d'armes entre la CGT et le patronat.
La première centrale a annoncé qu'elle allait "porter plainte pour diffamation" contre le président du Medef, Pierre Gattaz, qui a comparé certains militants de la CGT à des "terroristes". Un mot "inadapté", a-t-il reconnu mercredi.
En réponse, l'organisation patronale a appelé les entreprises touchées par les blocages à porter plainte pour "délit d'entrave à la liberté du travail".
Du fait des grèves, six raffineries sur huit restaient "à l'arrêt ou au ralenti", selon la CGT pétrole. Total chiffre à "plusieurs dizaines de millions de dollars par semaine" le coût pour ses cinq raffineries françaises.
Au terminal pétrolier havrais, qui approvisionne notamment les aéroports parisiens, la grève a été une nouvelle fois reconduite, pour cinq jours. Néanmoins, l'approvisionnement des stations-service en carburant continuait de s'améliorer, 5 % des stations restant fermées, contre 10 % lundi.
Avec AFP