Trois pêcheurs partis d'un port du nord de l'Équateur ont dérivé pendant 52 jours dans l’océan Pacifique avant d’être secourus par un bateau qui les a déposés… en Chine.
Le 2 mars, les Équatoriens Carlos Benítez et Luis Mero et le Colombien José Arana ont pris la mer à Pedernales, dans le nord de l’Équateur, à bord d’un bateau de pêche, pour une campagne de trois jours au large.
Mais à 80 miles des côtes, ils ont été attaqués par quatre pirates qui ont volé le moteur de leur bateau et leur matériel de pêche. Ont alors débutés 52 jours de dérive dans l’océan Pacifique, racontés dimanche 29 mai dans les colonnes du quotidien équatorien El Telegrafo.
Le 7 mars, les trois pêcheurs avaient épuisé leurs provisions. Une canne à pêche, qu'ils avaient réussie à cacher de la vue des pirates, est devenue vitale, leur permettant d’attraper une tortue puis des poissons qu’ils mangeaient cru. L’eau douce ne manquait pas, il pleuvait presque chaque nuit. La journée, le soleil était brûlant.
Au bout d’une vingtaine de jours, en pleine nuit, les trois hommes ont aperçu un bateau au loin. Malgré leurs cris et signaux lumineux, ils n’ont pas été secourus.
Un "bateau-stop" jusqu'en Chine
Au 52e jour, alors que les vents avaient porté le bateau au large des côtes mexicaines, un navire battant pavillon britannique est passé suffisamment près pour apercevoir l'embarcation à la dérive. Délivrance.
"Ils ont commencé par nous faire des examens médicaux, nous ont donné de l’eau, une solution de réhydratation et beaucoup de nourriture. Ils nous ont offert de la viande hachée et du riz, ce fut le repas le plus riche de ma vie", raconte Carlos Benítez à El Telegrafo. C’est alors que les trois rescapés ont appris qu’un tremblement de terre avait frappé l’Équateur le 16 avril. Mais ils ne pouvaient prendre contact avec leurs familles, qui étaient en outre injoignable depuis le séisme.
"À bord, on était traités comme des rois. On ne nous laissait rien faire. Si on voulait quelque chose, on leur faisait des signes (l’équipage ne parlait pas espagnol) et ils nous le donnaient", se souvient Carlos Benítez. Les trois Sud-Américains ont commencé à effectuer les démarches pour leur entrée en Chine, destination du navire britannique. Leurs familles, enfin prévenues qu’ils étaient sains et saufs, ont elles aussi fait le nécessaire en Équateur.
Un séjour touristique dans un "monde nouveau"
Le 16 mai, les trois pêcheurs sont arrivés en Chine. "C'était un autre monde, incroyable, tout était immense", explique Carlos Benítez, qui se souvient par ailleurs que "la nourritude était très différente, mais bien riche".
Alors que les procédures administratives se poursuivaient, des membres de l'ambassade équatorienne ont emmené les pêcheurs faire un peu de tourisme. "Nous sommes allés à la Cité interdite, à la Muraille de Chine et dans tant de lieux que je ne me souviens plus de leur nom. Tout est très beau, je n'avais jamais imaginé aller là-bas. L'aéroport était un monde nouveau, de la technologie pure, tout était impressionnant." Carlos Benítez n'en revient toujours pas.
Après un séjour de trois jours qui leur a permis de découvrir de nouvelles coutumes et de goûter à la gastronomie chinoise, Carlos Benítez et Luis Mero sont retournés en Équateur tandis que José Arana a pris la direction de la Colombie.
Carlos Benítez affirme ne plus vouloir retourner pêcher pour le moment. Il préfère travailler à terre, où il se sent plus en sécurité, écrit El Telegrafo. "Je veux donner le meilleur à mes filles et si je peux y arriver hors de la mer, c'est encore mieux", confesse le rescapé.
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