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Recompte partiel mais pas d'annulation du scrutin

Mir Hossein Moussavi a demandé à ses partisans ne pas se rendre à la manifestation prévue dans l'après-midi à Téhéran, afin de ne pas mettre leur vie en danger. Le Conseil des Gardiens a, lui, répété qu'il n'annulerait pas le scrutin.

Après s'être déclaré prêt à recompter les voix de la présidentielle iranienne du 12 juin, mardi matin, le Conseil des Gardiens de la Constitution a précisé, via la télévision d'État, qu'il refusait d'annuler l'élection.

"En affirmant qu’il n’y aura pas d’annulation du scrutin, le Conseil précise que le recompte des votes est limité et qu’il ne concerne pas l’ensemble du scrutin électoral", explique Siavosh Ghazi, correspondant de l'AFP à Téhéran pour FRANCE 24. À moins que des fraudes ne soient constatées, ajoute-t-il, "les résultats définitifs devraient, en principe, être maintenus".

Mir Hossein Moussavi, candidat réformateur et principal adversaire du président réélu Mahmoud Ahmadinejad, avait déposé une requête auprès de la plus haute entité juridique du pays demandant l’annulation du scrutin, après sa défaite.

 Depuis trois jours, la capitale iranienne est le théâtre de manifestations violentes. Les partisans de Moussavi contestent les résultats de ce qu’ils appellent une "élection volée", convaincus que leur champion est sorti vainqueur du scrutin.

Les autorités redoutaient une nouvelle escalade de la violence mardi, après l'annonce de la mort de sept personnes en marge de la manifestation de lundi. Deux manifestations, l'une de l'opposition, l'autres des supporteurs d'Ahmadinejad devaient en effet se succéder à quelques heures d'intervalle sur la place Vali Asr, au centre de Téhéran.

 Mir Hossein Moussavi a finalement appelé ses partisans à ne pas aller manifester afin de ne pas mettre leur vie en danger.
 

Des manifestations émaillées de violence

Selon un photographe iranien qui a requis l’anonymat, un groupe de manifestants s’en est pris lundi en fin de journée à une base de la milice islamique du Bassidj, lorsque des miliciens ont ouvert le feu.

"Plusieurs voyous voulaient attaquer un poste militaire et vandaliser les équipements publics près de la place Azadi. Malheureusement, sept personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées", a annoncé la radio d’État Payam.

Outre cet incident mortel, des affrontements ont éclaté, lundi, entre des policiers et des manifestants aux abords de la place Azadi, dans le centre-ville, à la fin du parcours de la manifestation.

Des manifestants ont mis le feu à des pneus et des poubelles. Plusieurs motos ont également été incendiées. Les forces de l'ordre ont lancé des gaz lacrymogènes pour disperser le rassemblement.

“Il y aura plus de violences si le recomptage des voix ne satisfait pas les attentes de la population", estime Reza Homayoun, un journaliste iranien parlant à FRANCE 24, dont le nom a été changé.

En attendant, témoigne Shoreh, étudiante à Téhéran, "les gens n’ont pas peur d’être blessés".

Une "élection volée"

Selon le réalisateur Mohsen Makhmalbaf, représentant de Mir Hossein Moussavi à Paris, "le ministère responsable de l’élection avait informé Moussavi vendredi qu’il avait gagné (…) mais, au même moment, la police secrète s’est attaqué à son quartier général, saccageant des bureaux."

Interviewé sur FRANCE 24, le réalisateur raconte également que le chef de l’armée aurait fait parvenir à Moussavi une lettre du Guide suprême, Ali Khamenei, lui indiquant que "la défaite d’Ahmadinejad était la sienne".

Pour Makhmalbaf, l’Iran a atteint vendredi le "stade de la dictature". Il compte interpeller le président français Nicolas Sarkozy devant le Parlement européen, afin que celui-ci ne reconnaisse pas en Ahmadinejad le président de l’Iran. "J’irai en tant qu’ambassadeur de la nation iranienne et non du gouvernement iranien", souligne-t-il.

Mahmoud Ahmadinejad est, quant à lui, en Russie pour participer au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) qui réunit mardi à Ekaterinbourg, la Russie, la Chine, et les ex-républiques soviétiques du Kazakhstan, d'Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizistan. Dans le même temps, les autorités iraniennes ont procédé, avant l’aube, à l’arrestation de proches collaborateurs de l’ancien président Khatami, Saeed Hajjarian and Mohammad Ali Abtahi.