Le patron du Medef, Pierre Gattaz, a multiplié les attaques contre les syndicats dans un entretien accordé au Monde, lundi. Il y compare la CGT-livre à une "dictature stalinienne" et évoque des minorités qui agissent comme des "terroristes".
"Vous y allez très fort !" Ce constat du Monde au détour d'une longue interview accordée par Pierre Gattaz, le président du Medef, lundi 30 mai, relève de l'euphémisme. Le patron des patrons français a sorti l'artillerie lourde contre les syndicats, les comparant à des "terroristes" et des "staliniens", alors qu'une nouvelle semaine de tensions sociales autour du projet de la Loi travail débute.
"Faire respecter l’État de droit, c’est faire en sorte que les minorités [des syndicats] qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes, ne bloquent pas tout le pays." Pierre Gattaz s'en prend tout particulièrement à la CGT, accusée de "dérives" et de "radicalisation"... "Pour moi, le sigle de la CGT est égal à chômage", résume-t-il.
Violence dans le ton
Mais au sein de la centrale syndicale, c'est la section "livre" qui a droit à la plus violente des charges du président du Medef. "Quand le syndicat du livre-CGT empêche la parution de quotidiens au motif que ceux-ci ont refusé de publier le tract de Monsieur Martinez [secrétaire générale de la CGT, NDLR], il me semble que l'on est dans une dictature stalinienne. C'est très grave", accuse-t-il.
Ces propos ont fait réagir la gauche française, du PS au PCF en passant par le Parti de gauche. La ministre du Travail Myriam El Khomri a elle aussi pris ses distances avec le patron des patrons : "Non je ne partage absolument pas ces mots de Pierre Gattaz, je n'emploierais absolument pas ces mots. Ce qui est important, c'est que cette réforme est bonne donc elle doit aller au bout du processus parlementaire."
Nouvelles grèves prévues
Cette violence dans le ton reflète les tensions de plus en plus fortes, après quatre mois de bras de fer autour du projet de réforme du droit du travail, porté par le gouvernement, soutenu par le Medef et combattu par la CGT et Force ouvrière (FO).
Des nouvelles grèves devraient affecter cette semaine le secteur aérien et les trains à douze jours seulement du début de l'Euro-2016 de football. Les revendications syndicales, relayées par la gauche du parti socialiste, concernent cette fois-ci spécifiquement l'article 2 du projet de la Loi travail.
"Ne pas toucher à l'article 2"
Cette partie du texte pose le principe de la primauté de la négociation au sein des entreprises sur le Code du travail et les négociations de branche. Les opposants à cette évolution craignent que les employeurs profitent de leur position de force pour imposer des baisses des salaires ou un allongement du temps de travail. Les défenseurs du projet arguent qu'il s'agit d'une mesure nécessaire de flexibilité pour permettre aux petites et moyennes entreprises de s'adapter rapidement aux évolutions de la concurrence internationale.
Pierre Gattaz appartient à cette dernière catégorie. "Il ne faut surtout pas toucher à cet article 2 : c’est la seule disposition intéressante qui subsiste après les réécritures successives du texte.", assure-t-il au Monde. Un recul du gouvernement sur ce point pourrait, à l'en croire, pousser le Medef à quitter la table des négociations.