
Le négociateur en chef de l'opposition syrienne à Genève, Mohammed Allouche, a annoncé sa démission, en raison de la poursuite des bombardements sur les zones rebelles. Il est aussi le chef du groupe rebelle salafiste Jaïch al-Islam.
Mohammed Allouche jette l'éponge. Le négociateur en chef de l'opposition syrienne aux pourparlers de paix a annoncé dimanche 29 mai au soir sa démission, invoquant l'échec des négociations et la poursuite des bombardements du régime de Bachar al-Assad sur les zones rebelles.
"Les trois rounds de négociations (à Genève sous l'égide de l'ONU, NDLR) ont été sans succès en raison de l'entêtement du régime, la poursuite de ses bombardements et son agression contre le peuple syrien", a ainsi expliqué Mohammed Allouche dans un communiqué publié sur son compteTwitter.
Il a également dénoncé "l'incapacité de la communauté internationale à faire appliquer ses résolutions notamment en ce qui concerne le côté humanitaire, la levée des sièges, l'entrée des aides, la libération des prisonniers et le respect de la trêve", faisant référence à l'accord de trêve entré en vigueur le 27 février, mais violé à plusieurs reprises.
Les bombardements mutuels se poursuivent par intermittence dans des villes comme la métropole d'Alep, et près de Damas. Et le régime syrien refuse de faire rentrer de l'aide humanitaire dans des villes comme Daraya, assiégée depuis 2012. Des diplomates avaient déjà estimé qu'il y avait peu de chances que l'opposition syrienne revienne à la table des négociations si la trêve n'était pas mieux respectée et si l'aide humanitaire restait bloquée, notamment dans des villes assiégées.
"Les négociations sans fin portent atteinte au sort du peuple, j'annonce donc mon retrait de la délégation et la remise de ma démission" au Haut comité des négociations (HCN), qui regroupe les principaux représentants de l'opposition et de la rébellion syriennes, a-t-il encore ajouté.
Le communiqué de Mohammed Allouche publié sur Twitter
بيان إلى الشعب السوري
بالانسحاب من منصب كبير مفاوضي المعارضة
وتقديم الاستقالة للهيئة العليا للمفاوضات قبل أمس pic.twitter.com/CQU4R1Ru8M
Chef d'un mouvement salafiste
Mohammed Allouche est également le chef de Jaïch al-Islam (L'armée de l'islam), l'un des plus influents mouvements rebelles en Syrie. Soutenu par l'Arabie saoudite, le groupe rebelle d'inspiration salafiste contrôle la plus grande partie de la banlieue est de Damas et envoie quotidiennement des roquettes sur la capitale syrienne, ce à quoi le régime réplique avec force bombardements et siège des localités rebelles.
Moscou et Damas qualifient ce groupe de terroriste et sa désignation par le HCN, soutenu par Riyad, comme négociateur en chef n'a pas manqué de provoquer l’ire du régime syrien et des autorités russes, mais également de certains opposants de l’intérieur. Il y a quelques semaines, il n'avait pas hésité, malgré la trêve en vigueur, à appeler à attaquer l'armée.
Sa démission survient trois jours après que l'émissaire de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura, ait indiqué au Conseil de sécurité qu'il n'envisageait pas de nouveaux pourparlers de paix concernant la Syrie "avant deux ou trois semaines".
Les négociations indirectes, dont trois rounds se sont tenues cette année à Genève et qui sont censées trouver une issue à la guerre qui ravage la Syrie depuis cinq ans, ont notamment buté sur la question cruciale du sort du président Assad, dont le départ est la principale revendication de l'opposition. Le dernier round, en avril, avait été interrompu après le retrait de la délégation des rebelles. Depuis le début de la révolte contre le régime de Damas en mars 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 280 000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes.
Avec AFP