Dans le nord de la Syrie, des militaires américains ont été photographiés arborant l'insigne des YPG, une milice kurde considérée comme "terroriste" par Ankara. La Turquie dénonce "l'hypocrisie" de Washington.
"Hypocrisie", "deux poids, deux mesures", "inacceptable"... Ankara voit rouge. Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a multiplié les commentaires peu amènes, vendredi 27 mai, à l'endroit des États-Unis, dont des militaires ont été photographiés dans le nord de la Syrie arborant l'insigne des Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde considérée comme "terroriste" par Ankara.
Mevlüt Cavusoglu a ensuite dénoncé l'attitude de Washington, dont des soldats soutiennent l'offensive des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition de combattants arabes et kurdes, menée par le Parti de l'union démocratique (PYD), aile politique des YPG, contre l'organisation État islamique (EI) dans le nord de la Syrie. Les FDS ont fait savoir il y a quelques jours qu'ils lançaient une offensive vers Raqqa, fief de l'EI.
Le chef de la diplomatie turque qui s'exprimait lors d'une conférence de presse à Antalya vendredi 27 mai, dans le sud de la Turquie, a ainsi jugé "inadmissible" que des membres des forces spéciales américaines, photographiés mercredi par l'AFP, portent l'insigne des YPG, une milice kurde considérée comme "terroriste" par Ankara. "Nous leur recommandons de porter des badges de Daech (autre appellation en arabe de l'EI), du Front Al-Nosra lorsqu'ils sont ailleurs en Syrie, et de Boko Haram lorsqu'ils vont en Afrique", a-t-il ironisé.
#Syrie c la 2e x après Chadadi que d images claires de forces spéciales US aux côtés du #YPG #Kurde sont disponibles pic.twitter.com/KuZhjtfNNc
— Wassim Nasr (@SimNasr) 26 mai 2016La Turquie, laquelle répète ne faire "aucune différence" entre les groupes terroristes, considère les YPG comme étroitement liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène depuis 1984 une rébellion meurtrière sur son sol. Ankara les soupçonne d'ailleurs de chercher à se tailler un territoire dans le nord de la Syrie. Mais Washington voit dans les YPG l'un des groupes armés les plus efficaces pour combattre l'EI au sol. Le soutien explicite des Américains aux milices kurdes de Syrie a tendu ces derniers mois les relations entre Ankara et Washington, alliés au sein de l'Otan.
Un photographe de l'AFP a vu une vingtaine de soldats américains aux côtés des combattants arabes et kurdes qui mènent une offensive dans la province syrienne de Raqqa contre l'EI et il les a entendus communiquer en anglais. Mais il n'est pas clair si les soldats américains déployés sur le terrain prennent part directement au combat ou s'ils agissent seulement en tant que conseillers et experts militaires, comme leur mission a été définie par leur état-major.
Le Pentagone soutient qu'ils n'ont qu'une mission de "conseil et d'assistance", et pas une mission de combat.
Avec AFP