Le président français, Nicolas Sarkozy, et son prédécesseur Jacques Chirac sont arrivés à Libreville pour les obsèques d'Omar Bongo Ondimba. Retour sur les liens étroits qui unissent la France et le Gabon depuis plus de 40 ans.
Nicolas Sarkozy est arrivé, mardi matin, au palais présidentiel de Libreville sous les huées de plusieurs Gabonais regroupés aux abords du bâtiment afin d’assister aux obsèques d’Omar Bongo Ondimba, décédé le 8 juin à l'hôpital Quiron de Barcelone, en Espagne.
Le président français fait partie de la quinzaine de chefs d'État, la plupart en provenance d'Afrique francophone, qui ont fait le déplacement dans la capitale gabonaise pour les obsèques du doyen des chefs d'Etat africains.
Peu après l'annonce de sa mort, les hommages avaient afflué de tout le continent. Le roi du Maroc, Mohammed VI, regrettait la perte d'un "fidèle ami du royaume", le président sénégalais, Abdoulaye Wade, pleurait un "ami" et un "frère", le chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, longtemps en froid avec le président disparu, saluait un "acteur-clé" de l'"émancipation politique" africaine.
Même concert de louanges dans l'Hexagone. Pour le président Nicolas Sarkozy, la France perdait un "ami fidèle". Son prédécesseur, Jacques Chirac, rendait hommage, quant à lui, à un "sage".
A Libreville, l'émotion est encore palpable. Nombre de Gabonais, qui n'ont connu qu'un seul président, pleurent la disparition de celui qu'ils considéraient comme un père, garant de la stabilité du pays. Bongo était arrivé à la tête du pays en 1967. D'autres toutefois commencent à émettre, mezzo voce, quelques critiques à l'égard d'un régime qui n'a pas su offrir à sa population le niveau de vie que le sous-sol gabonais pouvait promettre.
Plus virulente, la nouvelle députée européenne verte, Eva Joly, a affirmé qu'Omar Bongo Ondimba "était un président qui n'avait pas le souci de ses citoyens. Il a bien servi les intérêts de la France et des hommes politiques français." Et à l'ancienne juge, qui a instruit la tentaculaire affaire Elf et ses ramifications africaines, d'ajouter : "La manne pétrolière n'a pas profité aux Gabonais. La France a une grande dette envers le Gabon pour avoir maintenu au pouvoir pendant toutes ces années M. Bongo."
Installé à la tête du Gabon avec le soutien du général De Gaulle, chef de l'Etat français d'alors, Omar Bongo Ondimba était, pour beaucoup, le pilier des complexes réseaux d'influence hexagonaux sur le continent africain que d'aucuns appellent la "Françafrique".
Ces derniers mois pourtant, Omar Bongo Ondimba se sentait de moins en moins le bienvenu à Paris. Soupçonné d'avoir détourné l'argent issu du pétrole pour acquérir des biens immobiliers, à Paris notamment, le numéro un gabonais, ainsi que ces homologues congolais et équato-guinéen, a fait l'objet, en mai 2009, d'une enquête après une plainte déposée par Transparency International France. C'est l'affaire dite "des biens mal acquis".
Selon de nombreux observateurs, la disparition d'Omar Bongo Ondimba finira par altérer les relations entre Paris et Libreville. Reste à savoir qui lui succèdera au "palais du bord de mer". Nommée le 10 juin chef de l'Etat par intérim, la présidente du Sénat, Rose Francine Rogombé, a 45 jours pour organiser une nouvelle élection. Un scrutin que certains verraient remporter par un membre du clan Bongo. Ministre de la Défense, Ali Ben Bongo est pressenti pour occuper le fauteuil de son défunt père. Mais c'est compter sans sa sœur, Pascaline Bongo, directrice du cabinet présidentielle et épouse du ministre des Affaires étrangères, que certains verraient bien présider aux destinées du pays. A moins que l'opposition, jusqu'alors moribonde, effectue le sursaut qui pourrait lui ouvrir les portes de la présidence.