
La ventriloquie, ou l'art de projeter sa voix dans un objet, s'est imposée très tôt comme l'un des arts les plus appréciés au théâtre. Heureusement pour nous, les marionnettes d'aujourd'hui sont beaucoup plus sympathiques que celles d'autrefois.
Comment a-t-il été possible qu’un jour, les ventriloques et leurs terrifiantes poupées aient diverti dans la joie et la bonne humeur la population ? C’est la question que je me suis posée cette semaine en tombant sur de vieilles photos du début du siècle sur Internet.
J’ai constaté que peu d’ouvrages en français retrace l’histoire de cette pratique, dont les premières traces remontent en réalité à il y a bien longtemps. A l’origine, celle-ci était associée à un contexte religieux, et l’on parle de "venter-loqui" (du latin "ventre" et "parler") dès l’Antiquité. Dans la Grèce antique, la voix qui émanait étrangement du ventre de la Pythie – oracle féminine du temple d’Apollon à Delphes –, et non de ses cordes vocales, était interprétée comme la parole des morts.
Au Moyen-Âge, où la religion catholique domine en Europe, cette discipline, qui consiste donc à donner l’illusion que quelqu’un d’autre que soi est en train de parler, est considérée comme de la sorcellerie. Ce n’est qu’en 1753, sur une gravure anglaise, que la ventriloquie apparaît pour la première fois comme un divertissement. On y voit Sir John Parnell, apparaissant sous le nom de William Hogarth, faire semblant de parler avec sa main. Quatre ans plus tard, le baron autrichien de Mengen sera le premier à utiliser une poupée dans ses performances.
"Durant l'Antiquité, la voix (...) était interprétée comme la parole des morts"
Durant la fin du XVIIIe siècle, faire croire que sa voix provient d’ailleurs devient ainsi un art à part entière qui trouve toute sa place au théâtre. Joseph Askins en sera l’un des premiers véritables représentants, dans les années 1790. Au Sadler's Wells Theatre de Londres, on promeut les "curieux dialogues ad libitum entre lui-même et son double invisible, Little Tommy".
Au début du XIXème siècle, la discipline investit les music halls et voit naître ses stars, tant au Royaume-Uni qu’aux États-Unis. Côté anglais, les figures les plus célèbres seront Fred Russel, qui reste considéré comme le père de la ventriloquie, et Arthur Prince, qui compte parmi les vedettes les mieux payées de l’époque ; côté américain, ce sont Frank Byron, The Great Lester ou encore Edgar Bergen qui tiendront le haut de l’affiche.
Je n'ai donc pu résister à l'envie de compiler quelques photos qui, aujourd'hui, sont définivitement glaçantes. Allez, bonne nuit.
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