
Au Venezuela, le pouvoir tend dangereusement vers l’autoritarisme. À la suite de la proclamation de "l'état d'exception", le gouvernement s’est vu étendre, lundi, ses pouvoirs en matière de sécurité, de distribution alimentaire et d'énergie.
C'est un pas de plus vers l’autoritarisme que le Venezuela a franchi, lundi 16 mai, après la publication du décret prolongeant "l’état d’exception et d’urgence économique", mis en place depuis la mi-janvier par Nicolas Maduro, en raison de "menaces extérieures".
À travers ce décret le gouvernement étend durant 60 jours ses prérogatives en matière de sécurité et de distribution alimentaire : l'armée et la police ont pour ordre de "garantir la distribution et la commercialisation des aliments et produits de première nécessité".
Nicolas Maduro a également annoncé la saisie d'usines et ordonné "des exercices militaires nationaux des Forces armées, du peuple et de la milice" pour se "préparer à n'importe quel scénario". Par ailleurs, des comités locaux de citoyens, récemment créés, se voient dotés de pouvoirs de "surveillance" et de "maintien de l'ordre" pour "garantir la sécurité et la souveraineté du pays".
Depuis la victoire d'une coalition d'opposition aux élections législatives, fin 2015, le Venezuela vit au rythme des coupures d'électricité quotidiennes. Les services publics ne sont ouverts que deux jours par semaine, tandis que les pillages de commerces, les pénuries et les lynchages se multiplient, faisant sombrer ce pays pétrolier chaque jour un peu plus dans la crise politique, économique et sociale.
Processus de référendum pour révoquer le président
Lundi, l’opposition appelait à descendre dans la rue pour réclamer un référendum afin de destituer Nicolas Maduro, dans un scénario rappelant en partie celui du Brésil. Le bras de fer entre chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro) et anti-chavistes s'est intensifié depuis que l'opposition a rassemblé, début mai, 1,8 million de signatures pour lancer le processus du référendum pour révoquer le président, qu'elle espère organiser d'ici fin 2016.
Le vice-président Aristobulo Isturiz a tenté ce week-end de doucher les espoirs de la coalition d'opposition de la Table pour l'unité démocratique (MUD), majoritaire au Parlement, en rejetant dimanche toute possibilité de référendum de destitution.
Les autorités électorales doivent encore se prononcer officiellement sur la recevabilité du projet de référendum, alors qu'un des chefs de l'opposition, Henrique Capriles, a appelé à de nouvelles manifestations dans tout le pays, mercredi 18 mai, devant les instances électorales, une semaine après des mobilisations avec le même mot d'ordre, au cours desquelles les forces de l'ordre avaient bloqué des rues.
À l'image de l'opposition, les experts pointent le risque "d'explosion" du pays, alors que sept Vénézuéliens sur dix réprouvent la gestion de leur président, selon un sondage de l'institut Venebarometro. Le pays a subi en 2015 une inflation de 180,9 %, une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7 %, pour la deuxième année consécutive.
Avec AFP