Les États-Unis et les grandes puissances ont déclaré lundi, à Vienne, être favorables à une levée de l'embargo de l'ONU sur les ventes d'armes à la Libye et être "prêts" à armer le gouvernement d'union nationale pour lutter contre les jihadistes.
Les grandes puissances internationales et les pays voisins de la Libye ont décidé, lundi 16 mai, lors d’une rencontre à Vienne, de soutenir les efforts de réarmement du gouvernement d'union nationale libyen, installé à Tripoli. Les diplomaties américaine et de 24 délégations nationales ou régionales ont annoncé qu'elles "soutiendraient totalement les efforts" du nouvel exécutif libyen qui va demander la levée de l'embargo de l’ONU sur les ventes d'armes à la Libye.
La communauté internationale appuiera la demande de Tripoli "d'exemption de l'embargo de l'ONU sur les armes afin de pouvoir acquérir les armes et les balles nécessaires pour combattre Daesh et d'autres groupes terroristes", a déclaré John Kerry, qui présidait la rencontre avec le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, lors d'une conférence de presse.
La Russie, l'Arabie saoudite, la Chine, l'Égypte, la Tunisie, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie sont notamment signataires de cet engagement. L'embargo de l'ONU sur les ventes d'armes à la Libye avait été imposé au début de la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, mais a été violé à maintes reprises. Les demandes de levée de cet embargo ont jusqu'ici reçu des fins de non-recevoir.
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Un gouvernement qui peine à asseoir son autorité
Depuis la chute de Kadhafi, le pays s'est enfoncé dans la crise. Point de passage des migrants vers l'Europe, le pays est aussi le théâtre de violents combats entre milices armées ennemies et est surtout devenu le terrain de chasse de l'organisation État islamique (EI), qui occupe plusieurs parties du territoire et représente une menace directe pour les Européens.
Après plusieurs mois de négociations entre forces politiques rivales, un gouvernement d'union nationale a été désigné en janvier 2016 sous l'égide de l'ONU. Mais ce gouvernement, dirigé par Fayez al-Sarraj, peine toujours à asseoir son autorité et à gagner l'adhésion du gouvernement parallèle installé dans l'Est du pays et dirigé par le controversé général Khalifa Haftar. Ce dernier refuse de céder le pouvoir avant un vote de confiance du Parlement, maintes fois reporté.
"La stratégie de soutenir Sarraj est la bonne, d'autant plus que ce gouvernement est injustement accusé d'avoir été accouché au forceps par l'ONU alors qu'il est le produit d'une dynamique endogène. Cette légitimité nationale renforce la position occidentale qui consiste à soutenir ce gouvernement", rappelle Ali Bensaad, chercheur à l'Institut d'Éthnologie Méditerranéenne, Européenne et Comparative (Idemec), estimant que celui qui parviendra à gagner la bataille contre l'EI, ce "cancer" de la Libye, gagnera un capital de légitimité dans le pays. "Il y a une convergence entre les inquiétudes des Européens et les intérêts stratégiques de l'État libyen", poursuit le chercheur.
Pour l'instant, les dissensions politiques et le vide sécuritaire ont plutôt facilité, depuis 2014, l'implantation de EI en Libye, constituant une menace directe pour ses voisins et l'Europe. L'EI compte 3 000 à 5 000 combattants en Libye et tenterait d'y attirer des centaines de recrues étrangères, selon des sources françaises et américaines, et le groupe terroriste a récemment étendu son influence à l'ouest de la ville libyenne de Syrte, qu'ils contrôlent depuis juin 2015. Malgré ces récentes avancées, les diplomates occidentaux ont annoncé n'avoir pas l'intention de soutenir les troupes au sol.
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Avec AFP