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La Tunisie veut renforcer sa coopération antiterroriste avec l'Algérie et le Maroc

Le Premier ministre tunisien était au Maroc, mardi, pour parler lutte antiterroriste. Il souhaiterait davantage de coopération entre Tunis, Rabat et Alger, mais les mauvais rapports entre le Maroc et l'Algérie compromettent le projet.

Le chef du gouvernement tunisien Habib Essid a plaidé, mardi 10 mai à Rabat, pour un renforcement de la coopération entre la Tunisie, le Maroc et l'Algérie pour lutter contre le terrorisme, et en particulier contre la menace jihadiste.

La Tunisie "a une coopération étroite avec l'Algérie et avec le Maroc pour combattre le terrorisme", a déclaré Habib Essid mardi soir, lors d'une conférence de presse. "Nous avons pu mettre en échec plusieurs opérations terroristes grâce à notre coopération sécuritaire avec l'Algérie, notamment sur les frontières", a-t-il précisé.

Quant au Maroc, "il y a un échange d'informations et, dans mes entretiens avec le Premier ministre marocain [Abdelilah Benkirane], nous avons décidé de renforcer davantage cette coopération", a-t-il encore indiqué.

La Tunisie en première ligne

La Tunisie est le pays du Maghreb le plus affecté par l'essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de policiers et de soldats. L’année 2015 a été marquée par trois attentats majeurs revendiqués par l’organisation de l'État islamique, qui ont fait en tout 72 morts.

Le 7 mars dernier, des dizaines de jihadistes armés ont aussi attaqué des installations sécuritaires à Ben Guerdane, ville frontalière de la Libye. Treize membres des forces de l'ordre et sept civils sont morts, tandis que 55 extrémistes ont été tués.

Les autorités tunisiennes annoncent régulièrement le démantèlement de cellules "terroristes" dans le pays. Le ministère de l’Intérieur a d’ailleurs annoncé, mercredi 11 mai, qu’une opération près de Tunis s’était déroulée avec succès.

"Dans le gouvernorat de l'Ariana, les unités de la Garde nationale (gendarmerie, NDLR) ont pu ce matin abattre deux éléments terroristes dangereux et armés et arrêter 16 éléments terroristes dangereux recherchés, dont certains étaient armés", indique-t-il dans un communiqué.

La région empoisonnée par le conflit au Sahara occidental

Mais la Tunisie sait qu’elle a besoin de partenaires et que la lutte antiterroriste est un sujet qui doit être traité au niveau régional, d’où son appel à davantage de coopération. Les États-Unis ont lancé en 2005 l’initiative transsaharienne antiterroriste qui regroupe, outre la Tunisie, l’Algérie, le Burkina Faso, la Libye, la Maroc, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria et le Sénégal.

Celle-ci a permis de développer la coopération sécuritaire entre la Tunisie et l’Algérie, note le rapport annuel 2014 sur le terrorisme dans le monde, publié en avril 2015 par le département d’État américain. Les forces armées algériennes ont "augmenté la coopération sécuritaire avec leurs homologues tunisiens pour réduire les flux d’armes", souligne le rapport, qui félicite également les deux pays pour les "patrouilles" le long de leur frontière commune, le "partage des renseignements" et les "programmes de formation et d’équipement".

En revanche, Washington rappelle que le conflit entre le Maroc et l’Algérie sur le Sahara occidental reste un obstacle à toute coopération régionale. "Le niveau de coopération bilatérale [de ces deux pays] dans la lutte contre le terrorisme ne s’est pas amélioré en 2014", est-il notamment écrit.

Le Sahara occidental est en effet depuis 40 ans au cœur de la rivalité entre le Maroc et l’Algérie. Rabat le considère comme partie intégrante de son territoire, tandis que sur place, le Front Polisario, soutenu par Alger, revendique son indépendance. Malgré la signature d’un cessez-le-feu en 1991 et la présence d’une mission des Nations unies (Minurso), la situation est toujours bloquée et continue d’envenimer les relations entre les deux voisins.

Le Premier ministre tunisien espère-t-il parvenir à faire travailler ensemble Rabat et Alger ? Le communiqué de son voyage officiel au Maroc citait, parmi les dossiers prioritaires qui devaient être évoqués avec son homologue marocain, "l’activation de l’Union maghrébine". Mais ses propos tenus mardi soir indiquent davantage des coopérations bilatérales qu’un grand partenariat régional. Le signe, peut-être, que le front antiterroriste au Maghreb n’est pas prêt de voir le jour.

Avec AFP