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Vidéo : à Kabarondo, les rescapés du génocide rwandais se souviennent

Alors que s'ouvre, mardi, à Paris, le procès de Tito Barahira et Octavien Ngenzi, ex-maires rwandais accusés d’avoir participé au génocide de 1994, les rescapés de Kabarondo affirment que ces derniers sont responsables du massacre des Tutsis.

Vingt-deux ans n’ont pas suffi pour effacer les souvenirs de cette terrible journée du 13 avril 1994. Ce jour-là, Marie-Thérèse Mukamwezi a échappé au massacre de 300 Tutsis, qui pensaient avoir trouvé refuge dans une église de la commune de Kabarondo, dans l’est du Rwanda. Elle tient pour responsables Octavien Ngenzi et Tito Barahira, deux anciens maires de la commune jugés à partir de ce mardi 10 mai à Paris pour leur participation direct au génocide rwandais. 

"Il [Ngenzi] est allé chercher tous les Tutsis des environs avec son véhicule. Il les a rassemblés à l’église. Ensuite les miliciens Interahamwe ont attaqué l’église, mais la population a résisté et était plus forte. Alors Ngenzi est allé chercher les gendarmes en renfort", se souvient-elle. "Après l’attaque, les tueurs sont venus avec les machettes. Ils ont tué presque tous les survivants. Tito Barahira était là avec une lance, il supervisait les tueries".

Rares sont ceux à avoir réussi à s’enfuir. Quelques rescapés se sont réfugiés dans une maison à quelques centaines de mètres de l’église. Mais le 17 avril, Octavien Ngenzi serait venu les déloger. "Ils nous ont fait sortir et j’ai vu Ngenzi avec une arme, accompagné de militaires. Ils ont encerclé la maison. Ils nous ont amenés dans la ville de Kibongo. Au lieu de nous donner aux militaires pour nous fusiller, les Interahamwe ont utilisé les machettes", témoigne Jacqueline Muguyeneza.

Un procès fleuve pour un génocide éclair

Les rescapés de Kabarondo attendent beaucoup de ce procès. Octavien Ngenzi et Tito Barahira, qui nient les faits, seront jugés pendant huit semaines pour "crimes contre l'humanité" et "génocide", pour "une pratique massive et systématique d'exécutions sommaires" en application d'un "plan concerté tendant à la destruction" du groupe ethnique tutsi.

Trente-huit jours d'audience, 31 tomes de procédure et pas moins de 90 témoins… Un procès fleuve pour un génocide éclair : à Kabarondo, les tueries étaient terminées avant la fin avril, avec l'entrée de la rébellion tutsie du Front patriotique rwandais (FPR, actuellement au pouvoir). Alors que le génocide, qui fit au moins 800 000 morts, n'a pris fin qu'en juillet à Kigali.