
Manuel Valls a annoncé, lundi 9 mai, les nouvelles mesures du vaste plan gouvernemental de lutte contre le jihadisme et la radicalisation. Au programme : la création d'un centre de réinsertion dans chaque région d'ici la fin 2017.
"La lutte contre le jihadisme est sans doute le grand défi de notre génération", a martelé Manuel Valls en présentant, lundi 9 mai, lors d’une conférence de presse à Matignon, le plan de lutte du gouvernement contre le terrorisme et la radicalisation. "Ce plan marque un nouveau cap des pouvoirs publics", a déclaré le Premier ministre, promettant 50 nouvelles mesures pour un plan à envisager, selon lui, comme "une preuve supplémentaire de notre détermination à agir".
Tout en précisant que la radicalisation "frappe partout, tous les individus" et que "toutes les catégorisations sociales, toutes les régions sont touchées, le Premier ministre a dressé le profil sociologique type des personnes radicalisées : "les deux tiers ont moins de 25 ans et 40 % sont des femmes", précisant que 25% des individus partis en Syrie ont été "convertis à un islam rudimentaire et perverti qui circule sur les réseaux sociaux".
Le plan vise donc avant tout à renforcer les capacités de prise en charge des jeunes actifs embrigadés dans les réseaux jihadistes ou pouvant rejoindre leurs rangs. Il est doté d'une enveloppe de 40 millions d'euros supplémentaires d'ici 2018 : le fonds interministériel de prévention de la délinquance, déjà abondé de 20 millions d'euros supplémentaires en 2015 pour la lutte antiterroriste, recevra en effet 20 millions de plus par an en 2016 et en 2017.
Un centre de réinsertion par région
Un centre de réinsertion pour "personnes radicalisées" ou susceptibles de basculer dans le jihadisme va être créé dans "chaque région" française d'ici fin 2017, a annoncé Manuel Valls lundi. Le premier centre sera "mis en place" cet été, a-t-il assuré, ajoutant que les premiers accueillis "pourront être des repentis dont nous éprouverons la sincérité et la volonté de réinsertion dans la durée".
"Au moins la moitié" des futurs établissements accueilleront "à la demande de l'autorité judiciaire", des personnes "qui ne peuvent pas être placées en détention", a précisé le Premier ministre. Afin de mieux coordonner la création et le fonctionnement de ces structures, une "cellule nationale de coordination et d'appui" à l'action des préfets, des départements et des associations va être créée au sein du Comité interministériel de prévention de la délinquance, qui verra ses effectifs renforcés, selon le plan réalisé par le Premier ministre remis à la presse.
Les enquêtes administratives visant à passer au crible les personnes occupant des postes sensibles au sein des professions réglementées vont également être multipliées, avec des contrôles "à périodicité resserrée". Ce criblage sera par ailleurs "étendu au dispositif de préparation des grands évènements", alors que l'Euro 2016 de football commence début juin en France.
"Contrecarrer la propagande"
L'exécutif compte également "construire de puissants contre-discours" pour "contrecarrer la propagande jihadiste et salafiste et casser cette entreprise d'embrigadement à grande échelle". Concernant la propagande sur les réseaux sociaux, le Premier ministre a appelé à "renforcer les partenariats avec gens du Net".
Il a également évoqué la nécessité de donner plus de moyens à la recherche et a annoncé la création de postes et la mise en place d'un "conseil scientifique permanent" sur la radicalisation et le terrorisme, qui pourrait coordonner un réseau de recherche et renforcer les liens entre chercheurs et fonctionnaires de l'antiterrorisme. "La France propose d’organiser à la rentrée prochaine un grand symposium avec l’ensemble des chercheurs, avec ceux qui construisent une école de pensée face à ces phénomènes", a-t-il annoncé.
Enfin, le fichier dit PNR ("Passenger Name Record"), registre européen des données des passagers aériens, "entrera progressivement en vigueur" cet été. "Ce sera le premier PNR mis en œuvre en Europe continentale", s'est félicité Manuel Valls, alors que la France a été le fer de lance son adoption au niveau européen le mois dernier.
Avec AFP