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Philippines : Rodrigo Duterte, le "Trump philippin" favori de la présidentielle

Les Philippins votaient lundi pour désigner, notamment, le successeur du président Benigno Aquino. Le populiste Rodrigo Duterte est en passe de l'emporter. Sa principale adversaire a déjà reconnu sa défaite.

Ses discours de campagne sont taillés pour provoquer, et apparemment, ça a fonctionné. Rodrigo Duterte est en passe de remporter l’élection présidentielle qui se jouait, lundi 9 mai, aux Philippines, selon des résultats partiels. Sa principale adversaire, la sénatrice Grace Poe, qui a elle-même été donnée favorite un temps, a concédé sa défaite lundi soir. "Je renonce. Je respecte les résultats", a-t-elle déclaré devant la presse. "Duterte a un mandat. Donnons-lui une chance".

Maire de la grande ville de Davao, Rodrigo Duterte, un avocat de 71 ans s'est – contre toute attente – imposé grâce à un langage cru et des solutions expéditives à deux des fléaux de la société philippine : la criminalité et la pauvreté.

Une stratégie qui fait mouche alors que les 54 millions de Philippins sont appelés aux urnes pour plusieurs scrutins locaux et nationaux, point d'orgue d'une année politique émaillée de violences. Quinze personnes ont péri depuis le début de la campagne, selon la police. Sept autres ont été tuées lundi matin à Manille, dans une zone connue pour ses âpres rivalités politiques. Rodrigo Duterte, lui, a promis de tuer des dizaines de milliers de criminels.

La stratégie du choc

"Je ne suis qu'un Philippin ordinaire. Je n'ai pas de quoi être fier, excepté quand je suis en colère contre ces fils de p..., je vais vraiment les tuer. C'est ma spécialité", a-t-il déclaré lors d’un meeting de campagne. Selon des associations des droits de l'Homme, il aurait créé durant ses mandats des escadrons de la mort responsables de la mort de plus de 1 000 personnes.

"Oubliez les lois sur les droits de l'Homme !", a-t-il encore lancé lors de son ultime meeting. "Si je suis élu président, je ferai exactement ce que j'ai fait en tant que maire. Vous, les dealers, les braqueurs et les vauriens, vous feriez mieux de partir."

Dans un pays de 7 000 îles dont 80 % des habitants sont des catholiques fervents, il s'est par exemple permis de qualifier le pape de "fils de pute" pour avoir provoqué des embouteillages lors d'une visite dans l'archipel. Plus récemment, celui qui se vante de ses adultères, a déclenché un tollé avec une plaisanterie de très mauvais goût sur le viol et le meurtre d'une missionnaire australienne en 1989, affirmant qu’en tant que maire, il aurait aimé passer le premier…

Le "Trump philippin"

Dans un pays où plus d'un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté, des millions de Philippins voient en lui le pourfendeur de la corruption qui gangrène l’île. Le dernier sondage créditait Rodrigo Duterte de 11 points d'avance sur ses rivaux.

Rodrigo Duterte a été surnommé par les médias le "Trump philippin". Il affectionne les mêmes déclarations péremptoires, et le même goût pour la provocation que le magnat américain, jetant tout deux dans le désarroi les partis traditionnels. Trois décennies après la révolution qui avait chassé Ferdinand Marcos, les détracteurs de Rodrigo Duterte redoutent que son élection n'augure une nouvelle phase de dictature et de turbulences pour les Philippines.

"J'ai besoin de votre aide pour empêcher le retour de la terreur dans notre pays", a notamment déclaré samedi à Manille le président Benigno Aquino en référence à Rodrigo Duterte. Candidat adoubé par Benigno Aquino, Mar Roxas a de son côté promis de poursuivre les réformes du président, qui ne peut se représenter.

Avec AFP