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Le caricaturiste français Siné est mort à l'âge de 87 ans

Le dessinateur Maurice Sinet, dit Siné, est mort jeudi à l'hôpital Bichat des suites d'une opération, à l'âge de 87 ans, a annoncé son journal Siné Mensuel. Le caricaturiste fut une figure historique de Charlie Hebdo.

Maurice Sinet, connu sous le nom d’artiste de Siné, est mort, jeudi 5 mai, à l’âge de 87 ans, a indiqué l’équipe de Siné Mensuel, la publication qu’il dirigeait. Le caricaturiste est "décédé à l’hôpital Bichat des suites d’une opération", a écrit la revue sur sa page Facebook.

"Il devait subir cette nuit une grave opération du poumon", a indiqué à l'AFP l'avocat de la famille du dessinateur, Me Dominique Tricaud. "Mais même gravement malade, il avait encore dessiné lui-même la dernière couverture de Siné Mensuel", a-t-il ajouté. Avant de fonder son journal, Siné, connu pour ses dessins au vitriol, avait été une figure historique du journal Charlie Hebdo d'où il fut écarté en 2008, après plus de 20 ans de collaboration.

Le jazz, les chats et la provocation

Le caricaturiste provocateur, qui eut souvent maille à partir avec la justice, adorait taper sur les capitalistes, les colonialistes, les flics, les militaires ou les religions. Passionné de jazz, il était aussi l'auteur d'albums, tendres, sur les chats.

Maurice Sinet naît le 31 décembre 1928 à Ménilmontant, quartier populaire de Paris. Son père est forgeron, sa mère tient une épicerie. Jeune, il étudie le dessin et la maquette, tout en chantant au sein d'un groupe.

Son premier dessin paraît en 1952 dans "France-Dimanche". En 1955, il reçoit le grand prix de l'humour noir pour son recueil "Complainte sans paroles". En 1959, il commence à dessiner des chats. C'est le succès. Il rejoint "L'Express" qu'il quitte en 1962 pour créer "Siné Massacre" qui ne comptera que sept numéros. En 1968, il fonde le tout aussi éphémère "L'Enragé" avec l'éditeur Jean-Jacques Pauvert.

En 1974, Siné intègre la première équipe de "Charlie Hebdo". Il se lie d'amitié avec les fortes personnalités du journal que sont Reiser, Cavanna, Wolinski, Gébé ou Willem. En 1981, il passe à "L'Evénement du Jeudi". En 1992, il revient à "Charlie". Parallèlement, il travaille "sans états d'âme", selon ses mots, pour la publicité.

Accusation d’antisémitisme

Pour les élections européennes de 2004, Siné soutient la liste Euro-Palestine de Dieudonné. Taxé d'antisémitisme, ce qu'il réfutait, il est écarté en 2008 de "Charlie Hebdo" par le directeur de la publication Philippe Val.

L'affaire, qui fit grand bruit, était partie d'une chronique dans laquelle Siné ironisait sur la conversion éventuelle de Jean Sarkozy, fils du président, au judaïsme avant son mariage avec la fille du fondateur des magasins Darty. Journalistes et intellectuels s'étaient alors divisés entre pro-Val et pro-Siné.

Dans cette affaire, Siné a été poursuivi par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) pour "incitation à la haine raciale", mais relaxé par le tribunal, qui a considéré que ses propos tenaient plus de la satire que de l'antisémitisme. Et en 2010, "Charlie Hebdo" a été condamné pour avoir rompu abusivement le contrat qui le liait au caricaturiste.

Après son départ de "Charlie Hebdo", il fonde "Siné Hebdo" mais le magazine ferme rapidement. En 2011, en dépit d'ennuis de santé, il lance "Siné Mensuel", qui face à des difficultés financières en 2015 avait lancé un appel aux dons.

Dans une dernière chronique cette semaine il racontait ne plus que penser à la mort "qui rôde et fouine sans arrêt autour de moi comme un cochon truffier".

Avec AFP