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Violents heurts dans Téhéran après la victoire d'Ahmadinejad

Les partisans du candidat Mirhossein Moussavi se sont rassemblés par milliers samedi dans le centre de Téhéran pour pour protester contre la victoire de Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle.

AFP - "Dictature, dictature"! Des milliers de partisans en colère de Mir Hossein Moussavi, battu à la présidentielle, ont provoqué des émeutes samedi dans le centre de Téhéran, lançant des pierres contre des policiers qui répliquaient à coup de gaz lacrymogène.

La capitale n'avait pas connu de telles violences depuis les émeutes estudiantines de juillet 1999.



"A bas le dictateur! Moussavi, récupère nos votes!", scandaient les partisans de l'ancien Premier ministre, qui n'a obtenu que 33,75% des voix au premier tour de l'élection vendredi.

Les manifestants se sont rassemblés spontanément dans le centre de la capitale après les accusations d'"irrégularités" lancées par M. Moussavi, se massant par milliers dans de grandes places telles que Vanak et Vali Asr, selon des correspondants de l'AFP.

Des centaines de personnes se sont également rassemblées près du ministère de l'Intérieur, protégé par les forces de l'ordre et également situé dans le centre, où ils ont scandé "à mort le dictateur".

Les manifestants ont incendié plusieurs motos de la police et allumé des feux sur la chaussée en arrachant des branches des arbres, alors que la police faisait largement usage de gaz lacrymogène. Les vitres de nombreuses voitures étaient brisées, selon une journaliste de l'AFP.

Place Vanak, une foule furieuse lançait des pierres sur les policiers, qui répliquaient à coups de matraque et de pierres. Au carrefour Jahan Koudak, d'autres manifestants lançaient des pierres sur la police et mettaient le feu à des poubelles.

La police, qui avait ordre d'empêcher toute manifestation, a chargé plusieurs fois les manifestants à la matraque sans toutefois réussir à les disperser.

Des manifestants, parmi lesquels des femmes, ont également été frappés à coups de matraque rue Vali Asr tandis que des policiers à moto tentaient de disperser des protestataires réunis devant le quartier général de M. Moussavi.



Un policier, frappé par les manifestants, le visage ensanglanté, a tenté de se réfugier dans une maison mais ses habitants l'ont repoussé au dehors, selon un correspondant de l'AFP.

Des manifestants fuyant les gaz lacrymogènes et les charges des policiers ont en revanche pu trouver refuge chez des habitants. D'autres ont été rattrapés par les policiers et frappés.

"Ils ont ruiné le pays et ils veulent le ruiner encore plus pendant les quatre ans qui viennent", a lancé un protestataire devant le quartier général de l'ancien Premier ministre, à l'adresse des partisans du président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, réélu avec une confortable avance.

Sur la grande artère, l'ambiance est tendue et la police a demandé aux gérants de magasins des environs de fermer boutique. "Le temps des danses et des chants est terminé, il vont vous casser les jambes si vous restez là", a dit aux manifestants un responsable de la police.

Un homme étendu sur le pavé, habillé de vert, couleur de campagne de M. Moussavi, a assuré à l'AFP avoir été frappé sans qu'il ait quelque chose à se reprocher. "J'étais juste là, je regardais".

Tout près du quartier général de M. Moussavi, deux employés de la municipalité repeignaient le trottoir pour recouvrir les slogans "A bas le nain! A bas le dictateur!"

Les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime qui a apporté son soutien à l'ultraconservateur Ahmadinejad, ont averti qu'ils ne permettraient pas l'avènement d'une "révolution de velours", en allusion aux thèses de campagne de M. Moussavi, partisan d'une ouverture vers l'Occident.

Une fois la nuit tombée, les violences se poursuivaient et de nombreux curieux se joignaient de plus ou moins loin aux manifestants.