Les États-Unis et la Russie ont annoncé, mercredi, l'extension de l'accord de cessez-le-feu à la province d'Alep. Le gouvernement syrien a décrété, quant à lui, une trêve de 48 heures dans la ville du Nord ravagée par les combats.
Sous intense pression diplomatique, le régime syrien s'est engagé, mercredi 4 mai, à respecter une trêve de 48 heures dans la ville d'Alep, où se sont intensifiés les combats entre forces gouvernementales et groupes rebelles depuis une dizaine de jours. Quelques heures plus tôt, les États-Unis et la Russie avaient annoncé s'être entendus pour que l'accord de cessation des hostilités soit étendu à la région d'Alep. Censé être entré en vigueur depuis le 27 février, cet accord, qui excluait les zones tenues par les jihadistes du groupe État islamique et le front al-Nosra, a volé en éclats le 22 avril.
Depuis cette date, 284 personnes, dont 57 enfants et 38 femmes, ont péri dans les violences de cette grande ville du nord de la Syrie marquées par les raids aériens intensifs du régime et les bombardements à l'artillerie lourde des rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le ministère russe de la Défense a confirmé, pour sa part, la réintroduction du "régime du silence dans la ville d'Alep" jusqu'au 6 mai à minuit. De son côté, le secrétaire d'état américain John Kerry a confirmé "une réduction globale de la violence", même s'il a reconnu la poursuite de combats en certains endroits. À Berlin, le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a "demandé aux troupes du régime d'Assad combattant là-bas de respecter totalement la trêve".
Un calme précaire a régné durant la journée de mercredi dans la ville divisée entre secteurs rebelles et secteurs pro-régime, après des bombardements nocturnes consécutifs à des combats acharnés mardi, les plus violents depuis plus d'un an selon une ONG syrienne.
L'ONU dénonce "des véritables crimes de guerre"
À la demande de la France et du Royaume-Uni, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni mercredi soir à New York pour examiner la situation à Alep. À cette occasion, deux hauts responsables onusiens ont dénoncé les "véritables crimes de guerre" y ont lieu, dont les auteurs doivent être traduits en justice.
"Je vais être absolument clair une nouvelle fois : les attaques délibérées et directes contre des hôpitaux sont des crimes de guerre", a déclaré le secrétaire général adjoint des Nations unies aux Affaires politiques Jeffrey Feltman, lors de la réunion. "Utiliser la famine comme une arme dans un conflit est un crime de guerre", a-t-il poursuivi, estimant que la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye devait enquêter sur d'éventuels crimes de guerre dans le pays.
Outre la mort et les destructions à Alep, l'aide humanitaire ne parvient pas aux quartiers rebelles. "Nous avons besoin d'une fin des bombardements et des combats. C'est une catastrophe. Les docteurs et infirmières se font tuer pendant que la population saigne", a dénoncé le président du groupe de travail de l'ONU sur l'aide humanitaire Jan Egeland.
Sans le respect de la trêve, 400 000 personnes pourraient fuir vers la Turquie, avertit l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui tente de relancer les négociations de paix indirectes à Genève entre le régime et l'opposition.
Avec AFP