Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen ont rendu des hommages séparés à Jeanne d'Arc dimanche. Le co-fondateur exclu du FN a alerté contre la désunion devant près de 400 fidèles, alors que sa fille rassemblait 2 500 invités pour un "banquet patriote".
Fait sans précédent dans l'histoire du Front national, le patriarche exclu du FN, Jean-Marie Le Pen et sa fille, Marine Le Pen, actuelle présidente du parti d’extrême droite, ont rendu hommage séparément à la figure emblématique de Jeanne d'Arc à Paris, dimanche 1er mai.
Un an avant la présidentielle, la présidente du FN entendait afficher un 1er-Mai "apaisé", loin de l'édition 2015 émaillée d'incidents, au cœur de la crise familiale ayant mené à l'exclusion de Jean-Marie Le Pen du parti en août. Mais son père, co-fondateur du FN, n'a pas manqué de faire entendre sa musique discordante.
Pugnace, Jean-Marie Le Pen a fustigé la "sottise suicidaire" de la stratégie de "dédiabolisation" engagée par sa fille et a prédit sa défaite "au deuxième tour de la présidentielle et peut-être même au premier" si elle persistait dans cette voie. Devant 400 fidèles rassemblés autour de lui dimanche, il a appelé une nouvelle fois sa fille à l'unité, "condition sine qua non du succès" en 2017. "S'il y a 200 personnes, on verra que j'ai encore 200 copains. Si c'est 1 000 ou 2 000, ça deviendra un fait politique", répétait ces derniers temps Jean-Marie Le Pen, d'après un proche. Juché sur une estrade, l'octogénaire a estimé qu'"aucun signe n'a été émis dans le sens de la conciliation" par Marine Le Pen.
De son côté, Marine Le Pen n'a aucunement fait allusion aux attaques de son père lors du "banquet patriote" organisé porte de la Villette, en lieu et place de son habituel défilé vers la place de l'Opéra. Et ses proches ont relativisé les propos d'un "homme du passé". La présidente du FN a défini devant ses 2 500 convives les contours de son slogan en vue de sa campagne pour l'Elysée : "la France apaisée", une France libérée selon elle du joug de Bruxelles et du "frein épouvantable" de l'euro.
Menaces d’exclusion
Avant le banquet, en fin de matinée, le Front national "officiel" s’était d’abord rassemblé autour de Marine Le Pen, place Saint-Augustin, à Paris, pour un discret dépôt de gerbe devant une statue de Jeanne d'Arc. Illustration des divisions internes, des cadres proches de Jean-Marie Le Pen, dont Bruno Gollnisch et Marie-Christine Arnautu, étaient absents. Ils avaient préféré le contre-rassemblement du patriarche et de ses "Comités Jeanne, Au secours !", qui a eu lieu place des Pyramides, autour de la statue de la Pucelle d'Orléans du sculpteur Fremiet.
Pourtant, le vice-président du parti, Florian Philippot, avait menacé d'un passage devant la commission de discipline tout frontiste qui se rendrait au rassemblement de Jean-Marie Le Pen, considéré comme "hostile au Front national". Ces "cas particuliers" seront évoqués lors du bureau politique du parti lundi, a indiqué à la presse le secrétaire national Nicolas Bay.
Avec Reuters et AFP