Au Royaume-Uni, le camp favorable à un retrait de l'UE a demandé à la ministre de l'Intérieur d'interdire Marine Le Pen, pourtant favorable au Brexit, d'entrer sur le territoire britannique. La raison invoquée : "Ses propos clivants et incendiaires".
Les défenseurs du Brexit ne souhaitent pas être associé à Marine Le Pen pour faire campagne. Dans un courrier officiel envoyé à la ministre de l'Intérieur Theresa May, la responsable de "Vote leave", principale coalition qui milite pour la sortie de son pays de l'Union européenne, Gisela Stuart lui a demandé de "refuser l'entrée" de la dirigeante du Front national en raison de "ses opinions extrémistes".
La députée travailliste justifie sa requête en arguant que Marine Le Pen "a tenu dans le passé nombre de propos clivants et incendiaires, notamment en comparant les musulmans priant dans la rue à l'occupation nazie en France". "La présence de Madame Le Pen au Royaume-Uni ne contribuerait pas à l'intérêt général", poursuit Gisela Stuart avant de conclure : "Par conséquent, je vous exhorte à exercer vos pouvoirs, en vertu de la législation sur l'immigration, pour refuser son entrée dans le pays dans le cas où elle tenterait de se rendre au Royaume-Uni".
"Les socialistes ont toujours eu un problème avec la démocratie"
Invitée à réagir à ce sujet lundi sur France 2, Marine Le Pen s'est défendue de vouloir faire de "l'ingérence". "Je m'étonne qu'elle [Gisela Stuart] n'ait rien dit pour la venue de Barack Obama qui, lui, est venu faire de l'ingérence dans les affaires de la Grande-Bretagne, a-t-elle rétorqué. Si j'y vais, j'irais pour parler de la nécessité pour les peuples de se déterminer par rapport à l'Union européenne".
"Je lui pardonne beaucoup, parce qu'elle est pour la sortie de l'Union européenne, elle est contre l'Union européenne. Mais enfin, elle reste une socialiste. Les socialistes ont toujours eu un léger problème avec la démocratie", a-t-elle ironisé. Selon le porte-parole du Front national, qui s'est exprimé dimanche, la numéro un du parti a été "sollicitée pour aller soutenir le camp du Brexit" en mai vue du référendum du 23 juin. "Le Royaume-Uni est un État de droit et une démocratie avancée et donc une Française, de surcroît élue, peut parfaitement y circuler librement", a-t-il ajouté.
La visite de Marine Le Pen "permettrait aux Britanniques qui souhaitent sortir de l'Union européenne de savoir qu'il y a des responsables européens de premier plan qui les soutiennent", a souligné Florian Philippot.
De son côté, Theresa May a refusé de dire quelle suite elle allait lui donner, rappelant qu'elle ne s'exprimait pas "sur des cas individuels". "Je pense que le fait qu'elle [Gisela Stuart] m'a écrit pour empêcher quelqu'un d'entrer dans le pays suggère que nous avons le contrôle de nos frontières", a cependant déclaré la ministre, connue pour son euroscepticisme, mais qui a néanmoins rejoint le camp du Premier ministre David Cameron, militant du maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne. L'un des principaux arguments des partisans d'une sortie de l'UE est la reprise du contrôle des frontières et de l'immigration.
Intervention inutile
Le chef du parti europhobe et anti-immigration Ukip Nigel Farage a, quant à lui, déclaré sur Sky News qu'il ne pensait pas qu'une intervention de Marine Le Pen serait utile à la campagne en faveur du Brexit, mais il s'est opposé à ce qu'elle soit interdite d'accès au territoire britannique.
Un tel déplacement pour Marine Le Pen ne serait-il pas plus profitable à ses intérêts personnels ? Lors d'un déplacement en Roumanie à la mi-avril, Marine Le Pen a plaidé pour que chaque pays puisse, comme la Grande-Bretagne, décider s'il veut ou non rester dans l'Union européenne, au cours d'une conférence à Sinaia. "J'espère que les Français auront eux aussi sans trop attendre une occasion semblable. Je souhaite que chaque peuple puisse s'exprimer sur le sujet", a-t-elle ajouté.
Avec AFP