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Quelque 13 millions de Marocains étaient appelés aux urnes aujourd'hui pour élire leurs conseillers municipaux. La participation ainsi que les scores du PJD et du PAM, un parti créé par des proches du roi, sont les éléments-clés du scrutin.

Plus de 13 millions de marocains étaient appelés à voter vendredi, pour élire près de 28 000 conseillers municipaux, et ce pour la deuxième fois depuis l’accession au trône du roi Mohammed VI, en 1999.

Le mode de scrutin est uninominal dans les petites municipalités. Il est organisé par liste (à la proportionnelle) dans les municipalités dépassant 35 000 habitants.

La grande particularité de ce scrutin est le quota de 12 % réservé aux femmes, et ce pour la première fois. Les candidatures féminines s'élèvent à 20 458 sur un total de 130 223 - soit 15,7%, contre 4,8% en 2003.

Une participation de quelque 50%

Cette fois encore, c’est l’abstention qui apparaît comme le plus sérieux concurrent des candidats issus de trente partis ou qui se présentent "sans appartenance politique". Le taux de participation dépassait à peine 30 % à 16h, selon le gouvernement. Plus tard dans la soirée, le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, a annoncé que selon les chiffres provisoires la participation s'établissait autour de 51%.

"L'attention des responsables du gouvernement et des dirigeants de parti se focalisera sur le taux de participation parce qu'ils sont terrifiés par un boycottage : la fameuse apathie des électeurs", a confié à Reuters l'analyste politique Khaled al-Harri.

Selon Mohamed Dharif, universitaire et analyste politique interviewé par France 24 : " La participation est l’un des enjeux de ce scrutin, notamment parce que tout le monde parle de l’abstention lors des législatives de 2007. Le ministre de l’Intérieur a essayé de rassurer les médias et l’opinion publique, avant le scrutin, en annonçant que le taux de participation serait élevé, puisque les municipales sont différentes des législatives."

En effet, ces élections - qui sont organisées à mi-chemin entre les deux scrutins législatifs de 2007 et 2012 - risquent de connaître le même sort que le scrutin précédent : la participation n’avait en effet pas dépassé 37 % aux législatives de 2007.

L’abstention s’expliquerait en partie par le fait que 53 % des Marocains jugent les partis politiques "corrompus", si on en croit  les résultats d’une enquête réalisée par l’ONG Transparency International.

Abdel Ilah Essalhi, envoyé spécial de France 24 et de RMC Doualiya à Rabat résume les raisons de l'abstention en deux facteurs majeurs selon lui.  "D'abord, le problème vient des partis politiques. Peu de Marocains adhèrent à un parti - ils ne seraient que 2 %, selon certaines données. Ensuite, les Marocains considèrent que ces conseils sont en réalité seulement gérés par l’Etat et qu’ils ne sont pas du tout indépendants. Les élections ne servent qu’à leur procurer une certaine légitimité."

Dès le 30 mai et le début de la campagne électorale, les partis ont multiplié les efforts pour inciter les Marocains à voter. Tous ont structuré leurs programmes autour de sujets-clés pour la société marocaine : le chômage, l’analphabétisme, et la situation de la femme.

Le PAM, nouveau-né de la scène politique marocaine, concurrence les islamistes

Kawtar ben Hammou, jeune candidate du Parti authenticité et modernité (PAM), a justement fait de la situation de la femme son cheval de bataille pour ces élections.

La candidate, pharmacienne de profession, est trilingue et a fait ses études à l’étranger. Elle a fait parler d’elle lors de la campagne en se présentant devant les journalistes en jean et débardeur, en signe de liberté et modernité : des valeurs  qu’elle entend transmettre à ses concitoyennes.

"Je souhaite voir les femmes et les enfants de mon pays en bonne santé et vivre une vie normale comme en Europe et Amérique du Nord", affirme Kawtar, dont le parti, créé par des proches du roi Mohammed VI, s’affirme comme l’alternative aux islamistes et aux partis anciens, comme l'Istiqlal.

Les islamistes créeront-ils de nouveau la surprise ?

Le Parti de la justice et du développement (PJD), première force de l’opposition au Maroc, fait également couler beaucoup d'encre et risque de rafler un grand nombre de voix, lors de ces municipales.

Le parti avait créé la surprise en 2007, quand il était arrivé en deuxième position aux législatives. Son secrétaire général, Abdelillah Benkirane, ne cache pas son appétit grandissant depuis 2007. "Notre ambition est d'arriver en tête", a-t-il déclaré à l’AFP.

Les caméras sont plutôt braquées sur trois grandes villes marocaines : Rabat, Fès et Casablanca. Des villes où ses candidats devront affronter des candidats du PAM et de l’Istiqlal - dont est issu Abbas el-Fassi, le Premier ministre.

En effet, le PJD semble avoir moins de chance dans les campagnes, où les liens familiaux et tribaux assurent souvent la victoire aux dignitaires locaux, indiquent les analystes.

Le parti se présente comme une alternative à l'élite politique marocaine, qui s'est enrichie au détriment du pays, en laissant décliner les valeurs morales et croître la délinquance.

Pour ses détracteurs, le PJD ne cherche qu'à s'emparer du pouvoir pour imposer sa vision restrictive de l'islam et brider les libertés individuelles.

Les bureaux de vote, ouverts depuis 8 heures, ont fermé leurs portesà 19h00.